Les Géants |
« Elle nous aime pas, Zak » Présenté lors de la projection comme un mix des Aventures de Huckleberry Finn, des Contrebandiers du Moonfleet et de La Nuit du chasseur, Les Géants de Bouli Lanners avait fort à faire pour tenir les promesses de ces grands aînés, auxquels il fait effectivement référence. S’il y parvient en partie, on ne peut cependant s’empêcher de tenir la comparaison avec le formidable Eldorado présenté trois ans plus tôt dans la même salle et d’en tirer un soupçon de déception. Mais on retrouve avec bonheur un cinéma vif et captivant et des personnages, principaux et secondaires, particulièrement attachants. On retrouve aussi, dès la scène d’ouverture, l’ampleur avec laquelle la caméra embrasse le champ (du film… et de maïs) pour se recadrer sur les gamins, à l’orée d’une vie qui ne semble pas vouloir leur faire de cadeau. Eux ont piqué la voiture du grand-père et, poursuivis par la police, laissé une immense cicatrice au milieu des cultures dans lesquelles ils essaient de disparaître…
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En plein été, dans cette grande maison de campagne, Zak, 13 ans ¾, est en manque de sa mère et essaie de se convaincre : « Elle viendra nous rechercher plus tard. » Livré à lui-même avec son frère Seth de 15 ans, ils rencontrent Dany, un gamin du même âge, terrorisé par un grand-frère violent et inquiétant, qui n’a d’Angel que le nom et dont les deux mains sont à coup sûr tatouées de « hate », « love » ayant depuis quelque temps déjà déserté cette enfance-là. Enfants perdus en désamour, il rêvent d’Espagne. L’un pour échapper à ce frère cinglé, les deux frères pour couper le cordon d’avec une mère dont ils doivent se résoudre à faire le deuil. Ils ont ainsi adapté la délicate et bien connue expression : « Toutes des salopes, sauf ma mère : une sainte… » en : « Toutes des salopes, même ma mère. » Pour finir de grandir, ils trouveront leur Rachel Cooper, puis il leur restera à s’embarquer sur la rivière et suivre de l’aventure de la vie. Gamins en bateau de Bouli Lanners, gamin au vélo des frères Dardenne, abandon de la mère ou démission du père… la cinématographie belge a apporté deux belles contributions à la fracture parents-enfants, si prégnante dans ce Festival. Marie-Jo Astic
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1h25 - Belgique, France, Luxembourg - Scénario : Bouli LANNERS, Elise ANCION - Interprétation : Zacharie CHASSERIAUD, Martin NISSEN, Paul BARTEL, Marthe KELLER. |