La fin du silence |
Le fils La Fin du silence est le premier long métrage d'un ancien étudiant de l'école des arts décoratifs de Strasbourg et du Studio national des arts contemporains de Fresnoy ; son court-métrage La Plaine avait remporté de nombreux prix. Psychodrame familial situé dans décor naturel rugueux des Vosges, le film ne démérite pas face à la comparaison avec de récentes œuvres ayant tenté la greffe du western ou du polar sur un certain réalisme social : on songe à The Hunter de Rafi Pitts ou Winter's Bone de Debra Granik, ce dernier film mettant aussi un personnage d'adolescent(e) au cœur d'une tragédie rurale. Jean (Franck Falise, une révélation), fils cadet la famille Klein, est en échec scolaire et ne souhaite ni étudier, ni travailler. À la suite d'une violente dispute familiale au cours de laquelle son père le chasse du domicile, il rejoint le chalet de Nils (Thierry Frémont) et Ida (Marianne Basler). Le lendemain, la voiture de sa mère (Maia Morgenstern) est incendiée : on l'accuse très vite et il disparaît, armé, dans la forêt... Dès les premiers plans, Roland Edzard réussit à instaurer un ton personnel, écartant toute approche psychologique pour privilégier la suggestion et l'ellipse :
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colères rentrées, paroles furtives et regards troublants sont au cœur d'un dispositif qui met le spectateur à distance et lui donne de rares indices qui très vite mobilisent la tension dramatique. Comme chez Pialat (À nos amours), les Dardenne (Rosetta) ou Agnès Merlet (Le fils du requin), le jeune cinéaste met en scène les contacts physiques, conflictuels plus que fédérateurs, au sein d'une cellule familiale qui survit au sens littéral ; le réalisateur ne cède jamais au misérabilisme et au piège du mélo explicatif. Le résultat est saisissant, par sa concision et son dépouillement. Bien sûr, le caractère « film d'école » ou « de festival » pourrait être la limite de ce projet parfois trop huilé et prévisible mais jamais le cinéaste ne cède aux sirènes du nombrilisme et des mots d'auteurs, deux pêchés mignons du jeune cinéma français. Roland Edzard se révèle par ailleurs excellent directeur d'acteurs, donnant de bons rôles de maturité à deux révélations des années 80 : Marianne Basler (Va savoir) et Thierry Frémont (Nadia et les hippopotames) ont rarement autant crevé l'écran. Gérard Crespo |
1h20 - France - Scénario : Roland EDZARD - Interprétation : Marianne BASLER, Carlo BRANDT, Thierry FRÉMONT, Maïa MORGENSTERN. Franck FALISE. |