Film Socialisme |
« Qu'est-ce que j'peux faire ? J'sais pas quoi faire » Une symphonie en trois mouvements. Comment le cinéaste le plus novateur des années 60 peut-il être arrivé à ce stade de non-création et cette accumulation d'aphorismes sur la guerre, l'Europe, la technologie, les droits d'auteur ? Godard traite de tout et de rien et n'a en fait plus grand chose à dire... Excepté sa cour irréductible des Cahiers ou quelques sémiologues attardés, qui peut bien prendre au sérieux cette farce expérimentale dans laquelle il semble se parodier et qui s'apparente davantage à un sketch des Inconnus ? Dans Éloge de l'amour ou Notre musique, quelques beautés fulgurantes pouvaient encore bluffer mais ici, le bât blesse... |
Certes, les images de la mer prises du paquebot de la Croisière méditerranéenne sont splendides, l'agencement des scènes confirme un art maîtrisé du montage vertigineux et l'humour décalé de certains passages convoque certains souvenirs de Pierrot le Fou ou Deux ou trois choses que je sais d'elle. De même, l'absurde loufoque de l'articulation des scènes (des facéties d'un enfant dans une station-service aux plans majestueux de statues antiques) peut susciter les prémices d'un sentiment jubilatoire. Mais pour le reste, Film Socialisme est un objet sans âme dont les images pourraient au mieux être diffusées en boucle dans un musée organisant une exposition sur l'héritage de la Nouvelle Vague... Que Godard n'ait pas voulu se déplacer à Cannes pour présenter et commenter sa dernière œuvre est révélateur de l'autisme dans lequel l'artiste semble se complaire. Gérard Crespo |
1h41 - France, Suisse - Scénario : Jean-Luc GODARD - Interprétation : Catherine TANVIER, Christian SINNIGER, Eye HAIDARA. |