Si Sarajevo n'est ici qu'un décor (alors que For Ever Mozart faisait de la guerre de Yougoslavie l'axe central du film), le conflit israélo-palestinien est au cœur de l'essai, à travers notamment le personnage d'Olga, dont on suit les déambulations dans les rues de la ville. Et l'ambiguïté d'Olga (elle pourrait être l'espionne, la victime, la terroriste, l'innocente) fait d'elle l'archétype de la femme chez Godard, la digne héritière de la Patricia d'A bout de souffle ou la Camille du Mépris. Sa miraculeuse réapparition à la fin du film lui donne aussi une dimension spirituelle, que le cinéaste s'efforce de cerner davantage depuis Je vous salue Marie. D'une gravité inhabituelle dans l'œuvre du réalisateur (on ne retrouve pas l'humour qu'il manie souvent), le film ne comporte pas de grandes fulgurances esthétiques (à l'exception du très beau travelling qui suit Olga dans la séquence finale). En fait, Notre musique montre une maîtrise technique incontestable, particulièrement dans le montage, et qui fera oublier les aphorismes agaçants du grand manitou du cinéma.

Gérard Crespo