Chongqing Blues |
Père et fils
Comme dans Shanghai Dreams, Wang Xiaoshuai tente de cerner les errances d'une certaine jeunesse chinoise, mais introduit ici une figure paternelle pour axe central de point de vue et de coup d'envoi narratif. L'urbanité foisonnante et l'exclusion sociale à l'œuvre dans la ville de Chongqing permettent au cinéaste d'instaurer un décor oppressant, qui cristallise tous les changements d'une cité prise entre tradition et modernité, quitte à créer des laissés-pour-compte dans les dédales de ses avenues et chemins de traverse. C'est dans ce contexte que Bo Lin a été élevé, socialisé dans un monde occidentalisé à outrance, loin des repères culturels de son père et de ses certitudes.
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Mais l'essentiel est ailleurs : dans ces personnages (l'ami du fils, la coiffeuse agressée, la femme médecin témoin du drame) qui ne se livrent que par bribes, et finissent par reconstituer le puzzle d'un événement dramatique mais aussi d'une personnalité insaisissable ; dans ce montage, certes maintes fois exploité ces dernières années (Caché, Red Road), tentant de percer l'énigme d'une bande vidéo montrée et remontrée à outrances. Wang Xiaoshuai se révèle ici technicien adroit, et même artiste inspiré, ne méprisant pas les conventions du film de genre (mélodramatique, policier), dans la mesure où ils confortent son point de vue. Sans doute mineur eu égard à d'autres œuvres en compétition, Chongqing Blues n'en est pas moins révélateur de la vitalité du cinéma chinois contemporain. Gérard Crespo
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1h45 - Chine - Scénario : WANG Xiaoshuai, YANG Yishu - Interprétation : WANG Xueqi, FAN Bingbing, QIN Hao. |