Caché |
Caché a été l’un
des très grands films de ce festival. La vidéo, la culpabilité et la
violence étaient déjà des thèmes que l’on retrouvait dans les précédentes
œuvres de Michael Haneke, qui réussit ici la synthèse entre l’épure
de Benny’s Video et l’intensité dramatique de La Pianiste.
Le spectateur est captivé dès le générique et les premières images, qui montrent en plan-séquence l’extérieur d’un pavillon cossu du 16e arrondissement. Un couple de bourgeois-bohèmes voit sa morne existence menacée par des cassettes vidéo anonymes filmant leur proche environnement (porte d’entrée, intérieur du véhicule, maison d’enfance…). Georges, journaliste littéraire (Daniel Auteuil) et Anne, éditrice (Juliette Binoche) font alors ce que Hitchcock recommandait à ses personnages menacés (mais qui n’écoutaient pas toujours ses conseils) : ils préviennent la police, qui ne peut rien faire… L’ennui pourrait proliférer de la vision de ces cassettes dont la longueur aurait plombé plus d’un film de Chantal Akerman ou Jean-Marie Straub ; mais ici il n’en est rien, tant le cinéaste réussit à créer un trouble et une fascination : on pense aux premières séquences de Lost Highway, sans le côté fantastique de l’œuvre de Lynch, même si l’irrationnel semble suggéré. La description d’un drame conjugal avec trame policière prend ensuite une tournure plus sociale avec un traumatisme d’enfance, l’enquête de Georges, véritable introspection, le menant sur les traces d’un Algérien dans le besoin (Maurice Bénichou), qui vécut un temps dans sa famille après la mort de ses parents dans la tuerie d’octobre 1961. |
Mais
bien que l’intrigue fasse ainsi allusion au passé colonial de la France,
ce n’est pas un film politique : « je serais malheureux si on
réduisait le film à cela », précisait Haneke à la conférence
de presse. L’arrière-plan historique n’est en effet qu’un prétexte à révéler
les sentiments inconscients des protagonistes, la culpabilité du personnage
d’Auteuil et le sentiment d’échec de son faux demi-frère faisant écho
aux névroses d’Isabelle Huppert, ex-future pianiste prodige dans l’adaptation
d’Elfriede Jelinek. |
1h57
- Autriche - Scénario,
dialogues : Michael
Haneke - Interprétation
: Daniel Auteuil, Juliette Binoche, Maurice Benichou, Annie
Girardot, Bernard Le Loq, Daniel Duval, Nathalie Richard, Denis Podalydes,
Aissa Maiga, Walid Afkir, Lester Mekedonsky. |