Fish Tank |
Envole-moi Trois ans après, voici donc Fish tank, reprenant le thème désormais so british de l’adolescent mal barré dans sa quête de bonheur, brillamment exploré en 1990 par Mike Leigh (Life is sweet) et en 2002 par Ken Loach (Sweet sixteen). À noter cependant une tendance cette année pour de nombreux films à teinter la noirceur de leurs aînés d’une faible mais bienfaitrice couleur d’espoir. Il s’agit ici d’une adolescente de quinze ans, Mia, rebelle à l’existence médiocre qui semble lui être promise et par rapport à laquelle elle se situe systématiquement en marge : une cité sinistre dont elle s’exclut, une mère dont elle se refuse à reproduire le schéma et une petite sœur délurée avec lesquelles elle cohabite plus qu’elle ne vit, à l’instar des relations violentes qu’elle entretient avec des copines en qui elle ne se reconnaît pas. Dans ce microcosme de l’insuffisance, où pour tout arranger débarque Connor, le nouvel et perturbant amant de sa mère, la seule échappatoire de Mia est la musique et le rap, qu’elle danse avec âpreté dès qu’elle arrive à s’isoler. Loin d’être sûre d’elle-même, elle devine en elle un potentiel, quelque chose qui lui permettrait de ne pas être comme eux, d’émerger, de ne pas sombrer dans un nihilisme total. Une lueur qui aurait un goût de liberté et d’envol vers autre chose.
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Fish tank tient tout entier dans le regard scrutateur et lucide que pose Mia sur ses contemporains et le rapport direct que cette approche induit sur son comportement. Toujours borderline, flirtant avec le danger, seule contre tous, perpétuellement sur la défensive, sa grande force est d’être consciente que dans la vie il n’y a rien à attendre que de soi-même. Grâce à une caméra qui fait corps avec le personnage et ne se départit jamais de l’œil de Mia, ce jeu complexe et subtil offre à Katie Jarvis (dix-sept ans à présent) de très prometteurs débuts à l’écran. Avec quelques chorégraphies musclées où Mia s’étourdit de danse et dont la virtuosité ont pendant un temps essaimé sur la Croisette quelques rumeurs de prix d’interprétation féminine. De courts instants de grâce gagnés sur un environnement qui n’a rien d’aimable, quand Mia est enfin seule, libre, ailleurs. Marie-Jo Astic
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2h02 - Etats-Unis - Scénario : Andrea ARNOLD - Interprétation : Katie JARVIS, Kierston WAREING, Michael FASSBENDER, Harry TREADAWAY, Jason MAZA. |