Enfance clandestine |
No pasaran Argentine 1979. Juan, 12 ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle Beto sont membres de l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui les traque sans relâche. Pour tous ses amis à l’école et pour Maria dont il est amoureux, Juan se prénomme Ernesto. Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille.
Ce premier long métrage autobiographique traite avec beaucoup de finesse le thème de l'enfant face à la dictature, partagé entre la prise de conscience politique et le doute face à l'engagement familial. L'œuvre a été produite par Luis Puenzo, dont L'Histoire officielle, sur les disparus argentins, présenté en compétition officielle en 1985, avait valu le prix d'interprétation à Norma Aleandro. Évitant les effets lacrymaux que Mon ami Machuca, sur la dictature chilienne, n'avait su éviter, Enfance clandestine est un récit d'initiation : |
celui d'un pré-ado qui découvre l'éveil amoureux tout en étant enfermé dans une clandestinité imposée par l'autorité parentale. Le film combine avec bonheur les univers du suspense policier, du drame politique et du récit sentimental, avec un sens du découpage qui révèle un véritable professionnel de la narration. La très hitchcockienne scène dans laquelle Juan/Ernesto applaudit au chant d'anniversaire entonné par ses camarades, avant de réaliser qu'il s'adresse à lui-même (l'enfant a un faux passeport), résume à elle seule la force du film, l'une des plus éclatantes réussites du cinéma argentin. On songe À bout de course (Sidney Lumet, 1988), dans cette histoire d'une famille traquée par les autorités, mais aussi à Persepolis ou Valse avec Bachir, de par l'incrustation de séquences d'animation illustrant les fantasme de l'enfant. Ces références ne sauraient occulter l'originalité de la démarche de Benjamin Avila. Avec No (sur un sujet proche), Enfance clandestine a montré la vitalité du cinéma sud-américain au cru 2012 de la Quinzaine des Réalisateurs. Gérard Crespo |
1h52 - Argentine, Brésil, Espagne - Scénario : Benjamin AVILA, Marcello MULLER - Interprétation : Ernesto ALTERIO, Natalia OREIRO, César TRONCOSO. |