Panique au village
A Town Called Panic

de Stéphane Aubier, Vincent Patar
Sélection officielle
Séance de minuit

palme
Sortie en salle : 28 octobre 2009




"Les chevaux, c'est bien connu, ont le sens de l'hospitalité."

Rencontrés lors de leurs études aux Beaux-Arts, Stéphane Aubier et Vincent Patar partagent depuis plus de vingt ans la passion de l'animation. Primés dans plusieurs festivals, leurs courts métrages sont réputés pour leur ton de dérision insolite. Panique au village « Le gâteau » (2000) a été récompensé à Annecy et Bruxelles ; Panique au village « Les 20 épisodes » (2001-2003) a raflé maints trophées dont le Prix SACD Belgique de la Création Audiovisuelle. C'est par la grande porte qu'ils présentent cette année leur premier long métrage dans lequel ils reprennent les personnages ayant assuré leur succès (mais ils avaient réalisé d'autres productions animées).

La trame du scénario s'adresse, a priori, à un public enfantin. Sur la colline faisant face à l'exploitation d'un éleveur de porcs, la maison de Cheval héberge Coboy et Indien. Le premier y a trouvé refuge après avoir manqué de tuer un ours rancunier ; le second a échoué sur une plage de nos contrées en restant accroché à la flèche tirée sur un poisson... Voulant fêter l'anniversaire de Cheval, âme moral du village, les deux êtres humains commandent par Internet des briques pour le barbecue. Mais une faute de frappe multiplie le nombre de briques par un milliard, ce qui est le début d'une folle aventure...


Techniquement, la préparation du film a été surprenante. Si les figurines représentant les silhouettes ont été préparées en amont, aucune caméra n'a été présente sur le plateau, et un simple appareil photo numérique a permis l'assemblage des images. Pour avoir un gain de temps et une préservation de l'aspect saccadé de l'animation, une même image a pu être capturée deux fois, les allers-retours de l'animateur entre le décor et des ordinateurs devenant un ballet extrêmement concentré. Le travail sur le son est également admirable : les techniciens et bruiteurs ont multiplié par 5 le nombre de pistes-son, des écrans d'ordinateur ayant servi de table de montage virtuelle. Et le choix des voix s'est avéré judicieux : même s'il est regrettable de faire systématiquement appel à des vedettes pour les films d'animation, force est de reconnaître que le travail vocal de Benoît Poelvoorde en acariâtre Steven ou de Jeanne Balibar en gracieuse Madame Longrée n'est pas pour rien dans le charme fou de l'ensemble. La partition musicale (décalée et éclectique), le montage nerveux et épuré, la remarquable infographie de pointe complémentaire de l'aspect délibérément artisanal, ainsi qu'un excellent mixage apportant relief et texture achèvent la perfection de Panique au village.

Au final, l'œuvre est d'un haut niveau. Elle ne saurait pourtant se réduire à ses atouts techniques (la qualité plastique est indéniable) ; tous les publics seront séduits par des personnages loufoques et excentriques, des situations saugrenues, un rythme haletant, et un ton oscillant entre l'humour pince-sans-rire à la Aardman et la folie destructrice de Pixar. L'on ne peut donc que se féliciter de la bonne tenue qualitative du cinéma d'animation au Festival de Cannes 2009, ce petit bijou ayant été présenté l'année de Là-haut et de Lascars.

Gérard Crespo


1h15 - Belgique, France - Scénario : Vincent PATAR, Stéphane AUBIER - Interprétation : Benoît POELVOORDE, Bouli LANNERS, Frédéric JANNIN, Alexandre VON SIVERS, Jeanne BALIBAR.

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