La Vie rêvée des anges
de Erick Zonca
avec Elodie Bouchez, Natacha
Régnier, Grégoire Colin...
Sélection officielle
Double Prix d'interprétation
féminine : Elodie Bouchez et Natacha Régnier

 

Un premier film français en compétition, parfaitement maîtrisé Quand Isa débarque à Lille avec comme toute histoire, son sac à dos et ses vingt ans, on ne peut s'empêcher de penser à Mona du Sans toit ni loi d'Agnès Varda. Venue rejoindre un copain qui n'a semble-t-il pas su l'attendre, elle trouvera en Marie, une compagne avec qui elle partagera un moment de sa vie. Mais si Isa vit sa vie au jour le jour, en marge de tout projet déterminé, elle détient une force extraordinaire : un optimisme farouche qui la rapproche des gens, une ferveur qui lui fait choisir la vie coûte que coûte, même en côtoyant la mort à travers les liens qu'elle tisse avec la jeune fille - plongée dans un coma profond - dont elle partage l'appartement avec Marie. Marie est solitaire, comme Isa, mais pour des raisons qui la laissent aigrie, révoltée, sauvage, écorchée, imprévisible. Incapable d'aimer ceux qui lui apporteraient ce qu'elle attend au fond, et se laissant aimer par ceux qui risqueront de la détruire, elle est le négatif d'Isa. Erick Zonca, dont c'est là le premier long métrage, aurait pu tomber dans la redite stylistique et narrative d'un sujet galvaudé. Grâce à une mise en scène aussi libérée que minutieuse, et - il faut le dire - à une interprétation absolument remarquable d'Elodie Bouchez (Isa) et Natacha Régnier (Marie), on touche aux plus profonds des rêves de ces anges, qui sont autant de destins simples tels que nous le suggère le dernier plan si essentiel du film :

un long travelling sur des ouvrières, répétant inlassablement des gestes mécaniques et qui, comme Isa ou Marie, cachent les tendres espoirs ou les vaines révoltes de leur existence.

Jean Gouny


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