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Almaty, capitale du Kazakhstan. Marat, chauffeur de son métier, percute la Mercedès d'un nouveau riche local. Un banal accident de la circulation qui le précipite dans un engrenage infernal. L'endettement, l'incapacité de rembourser, la sarabande inquiétante des créanciers, l'aide intéressée de la mafia et finalement l'obligation d'accepter un "contrat" qui fera de lui un assassin. La mise en scène sobre, distanciée, un peu à la manière d'un Bresson dont Omirbaev est un admirateur éperdu, renforce le caractère inéluctable de la chute. Des acteurs presque hiératiques, à l'unisson de la mise en scène, des dialogues réduits au minimum, donnent à l'ensemble des allures de drame gréco-cornélien. Marat est un homme désemparé, sans réelle relation intellectuelle avec son épouse. Mais son attachement forcené à sa tâche de chef de famille le place au bord du gouffre. Nous assistons, impuissants, à une fin annoncée. A travers le cheminement tragique de Marat, c'est une radiographie pathétique de cette République indépendante depuis l'éclatement de l'URSS que le cinéaste nous propose. Les derniers repères administratifs et scientifiques d'un communisme exangue disparaissent avec la mort d'un vieux savant. L'incommunicabilité entre les protagonistes de cette nouvelle société éclate le long des parois de glace et les vitres fumées qui ne reflètent rien. Définitivement. Un tableau sans concession de ces vies vides, sans espoir, enfermées dans la spirale du manque d'argent et de la crainte en l'avenir. Christiane Seguron |
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