Teatro di guerra Rehersals for War - de Mario Martone avec Andrea Renzi, Anna Bonaiuti, Laia Forte... Sélection officielle Un Certain Regard |
Très remarqué dès son premier film, Mort d'un mathématicien napolitain, Mario Martone, à qui l'on doit également L'amour meurtri (présenté à Cannes en compétition en 1995), fait partie de ces cinéastes qui, inlassablement, creusent le même sillon. Son cinéma est à la fois particulier, puisque napolitain jusqu'au bout de ses ruelles grouillantes, et universel, car il explore sans relâche les fêlures de l'âme humaine, confrontée à la violence, la mort, le désamour. Metteur en scène de théâtre avant d'être cinéaste, Martone se veut naturellement farouche défenseur des planches. Teatro di guerra serait au confluent de tous ces thèmes. Le film nous offre en effet d'assister aux répétitions d'une troupe de fortune dont l'ambition est de jouer au cur de Sarajevo assiégée. Personne n'ira pour autant en Bosnie et si la guerre reste présente en filigrane, c'est de façon stylisée, à travers les vers d'Eschyle, que les comédiens adoptent peu à peu comme étant les leurs. Toute la richesse du film est dans ce va-et-vient constant entre la réalité et la rue (qui connaît également ses drames intimes), filmée de façon très documentaire et mêlant l'abstraction théâtrale. Et c'est bien entendu à travers les personnages qu'ils incarnent que les différents membres de la troupe vont peu à peu se révéler. Théâtre de la vie, théâtre dans la vie, le thème n'est pas neuf, mais le regard de Martone sait lui donner un relief nouveau. Dommage qu'il ait cru bon de placer la barre plus haut que le commun des mortels, fussent-ils cinéphiles, saura jamais sauter. Parce que la pièce d'Eschyle qui nous est présentée n'est pas des plus abordables et que Martone ne nous passe rien des répétitions ni de leurs interminables préparatifs. Dès lors les failles des personnages deviennent aussi celles d'un film sans doute attachant mais qui ne fait décidément rien pour nous séduire. Yves Alion |
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