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Loué soit Duvall Un film qui raconte l'histoire d'un pasteur pentecôtiste prête forcément le flanc - pardonnez le calembour - à la mauvaise foi. Celle des critiques n'a pas failli à propos de Robert Duvall, jugé cabotin et poseur dans le rôle de Sonny Dewey, serviteur de Dieu aussi fêlé que zélé. C'est commettre un grossier contresens si l'on considère que les nombreuses scènes de prêche qui émaillent le récit constituent autant de prestations conformes à cette fascinante pratique de l'évangélisme américain, et dans lesquelles Duvall est proprement étourdissant. |
Les raisons du relatif insuccès du film sont probablement ailleurs, et peut-être dans sa volonté de dépasser progressivement l'image quasi-caricaturale du personnage pour aboutir au portrait d'un être complexe et parfois incompréhensible. Sonny Dewey n'est ni un usurpateur ni un défroqué, ce qui empêche le spectateur de l'associer à une catégorie nette et identifiable. En lui coexistent foi puissante et indéfectible, rouerie constante, violence incoercible, générosité infinie. On aimerait pouvoir le haïr, mais on y échoue autant qu'à l'aimer. Duvall fait durer plans et séquences |
souvent au-delà des limites convenues, avec une sorte d'obsession à atteindre le moment improbable et toujours différé de la révélation. Il réussit un film hors normes, personnel et audacieux, qui mérite respect et admiration. Amen. Daniel Rocchia |