Lubosh Urna est sur son lit de mort. Ce lit sur lequel il aura passé une bonne partie de sa vie, à commencer par y être conçu puis à y méditer jour et nuit sur sa condition d'Homme. Entouré de femmes, il se perd dans les relations qu'il entretient avec elles, entre rêves, fantasmes et réalités. Sa démarche existentielle se veut être, selon les propos du réalisateur, l'illustration de la condition masculine en cette fin de siècle. Pour tisser cet univers fantasmatique, Oskar Reif nous entraîne dans une écriture surréaliste. Il choisit pour cela un format CinémaScope en noir et blanc et nous livre une photographie remarquable que l'on doit à Igal Luther (Le Tambour, Danton). Son premier long métrage révèle d'incontestables qualités dans la composition et la faculté de nous entraîner dans l'univers mental du héros. Le scénario reste néanmoins inégal et conduit parfois à l'ennui, la trame surréaliste choisie par le cinéaste tchèque manque parfois de force et nous expulse bien malgré nous de l'histoire. Ces discontinuités, loin d'être la force du film, en sont la principale faiblesse ; Oskar Reif - puisqu'il est également le scénariste - laisse ainsi la spectateur frustré, non pas de femmes, mais de la fascination qu'elles peuvent exercer sur nous autres, les hommes !

Eric Breton