Henry Fool
de Hal Hartley
avec Thomas Jay Ryan, James
Urbaniak, Parker Posey...
Sélection officielle
 Prix du Scénario
  

Qui est Henry Fool ? Un escroc, un génie, un mégalomane, un grand écrivain ? En tout cas, il bouleverse la vie de Simon qui deviendra grâce à lui, célèbre et reconnu. Mais qu'est-ce que Simon doit à celui qui l'a révélé ? Fidélité ou honnêteté ? Rend-on jamais à un ami ce qu'il vous a donné ? C'est à partir de toutes ces interrogations fondamentales sur les rapports humains que Hal Hartley a bâti son histoire. Remarquable construction qui lui a valu le Prix du scénario. Rompant avec la distanciation, l'harmonieuse mélodie des dialogues, la froideur méthodique de ses films précédents, il installe ses personnages dans l'émotion, l'épique, le bruit. Hurlement, pleurs, rires, souffrances, joies, occupent l'espace, sourdent d'êtres de chair et de sang (seul Simon garde une certaine réserve). Henry Fool, c'est un peu le Diable, séduisant et pervers, répugnant et attirant, un Diable égocentrique certes, mais finalement bon. Nul pacte à la Faust dans ses relations avec Simon. S'il lui donne les " outils " pour devenir un poête célèbre, il ne lui donne pas le talent. Il ne fait que le révéler. La mise en scène plus cahotique que d'habitude chez le réalisateur est habile et en parfaite adéquation avec cette fable moderne qui verra l'élève (Simon) trahir le maître (Fool) en ne tenant pas sa promesse (la condition du pacte en

quelque sorte). Mais ici encore, nulle vengeance n'est programmée et une fin magnifique (et pas si ouverte que cela) vient clore une œuvre remarquable, sensible, belle, ambitieuse.

Gérard Camy


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