L'Eternité et un jour
Eternity and a Day (Mai aionita kia mia mera) - de Theo Angelopoulos
avec Bruno Ganz, Isabelle
Renauld, Fabrizio bentivoglio,
Achileas Skevis...
Sélection officielle
Compétition

Palme d'or
Prix du Jury oecuménique
 

Voici bien une Palme d'or méritée. L'œuvre est belle, profonde, sensible, humaine. Un grand écrivain s'apprête à quitter définitivement la maison sur la mer où il a toujours vécu. Malade, ses jours sont comptés. Il retrouve une lettre de sa femme, Anna. Les souvenirs affleurent. L'Ultime voyage qui doit le conduire à l'hôpital est un constant va-et-vient entre passé et présent. Il prend conscience peu à peu qu'en poursuivant les mots chimériques de ses romans, il a laissé échapper tout le bonheur de la vie. Alors avant de "sauter le pas", il accomplira une dernière mission : reconduire chez lui un enfant albanais livré à tous les dangers dans les rues de Salonique. Plans-séquences somptueux et pathétiques, travellings lents et dramatiques accompagnent son périple douloureux mais nécessaire. Bruno Ganz est extraordinaire, triste, désabusé, il atteint peu à peu une sérénité grandiose. Point de ciel bleu, la Grèce de Théo Angelopoulos est grise et pluvieuse. L'asphalte mouillé de la ville luit sous les éclairages nocturnes et devient le témoin de trafics d'enfants odieux. Un bus dont le trajet est perturbé par des manifestations, se transforme brusquement

en lieu d'une métaphore onirique superbe. L'osmose entre les images, la musique, les bruits divers (hors champ souvent), le rythme qui guide l'ensemble, la longueur même du film est proche de la perfection. Un chef d'œuvre.

Gérard Camy


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