L'Ecole de la chair

The School of Flesh - de Benoît Jacquot
avec Isabelle Huppert, Vincent
Martinez, Vincent Lindon,
Marthe Keller, François
Berléand, Danièle Dubroux...
Sélection officielle
Compétition
 

Benoît Jacquot a fait un pari téméraire en voulant transposer à l'écran ce texte écrit autour de l'amour impossible par Mishima... D'un festival à l'autre, on a déjà pu surfer sur le thème récurrent de la passion néfaste : l'an dernier, Brigitte Roužn (Post-coïtum, animal triste) avait défendu honnêtement son propos sans autres prétentions... Mais ici, comment rendre au spectateur la palette d'atmosphères aux insaisissables nuances si promptes à germer dans l'imaginaire du lecteur de L'école de la chair ? Là où l'écrivain étreint des émotions pures, larvées ou vives, dans un dépouillement rigoureux, le réalisateur du film nous balade avec maniérisme, dans une mise en scène où les clichés abondent. Heureusement, il y a Isabelle Huppert, mi-farouche, mi-insolente ; mais pourquoi utiliser à l'économie cette délicieuse actrice, alors que sa filmographie, référence universelle, prouve qu'elle avait tellement mieux à offrir à Mishima ? Bref, ici Huppert (Dominique) rencontre un beau jeune homme dont elle s'entiche. Ils ne sont bien sûr pas faits l'un pour l'autre (?). Benoît Jacquot la voulait ambigue, elle est limpide. Elle, occupe une position un peu masculine dans le couple ; lui (l'acteur Vincent Martinez), se prostitue "à voile et à vapeur", une caricature d'homme au féminin. Benoît Jacquot décrit Dominique et Quentin comme des "aveugles volontaires", à croire que la cécité qui les fait échapper l'un à l'autre est la seule chose

à laquelle ils tiennent vraiment ensemble. L'école de la chair est un film "bourgeois" au style "à la française" convenu : ses passions fades ne nous touchent décidément pas.

Nicolas Fine


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