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Une femme en quête de dignité Dès
le générique, Lodge Kerrigan (qui avait surpris la Croisette
en 1994 avec Clean, Shaven) annonce les couleurs, des couleurs froides qui
domineront le film dans un style quasi chirurgical, aux lignes très
géométriques telles ces façades d'immeubles écrasées
par les longues focales utilisées. Il faut dire que la vie de Claire
Dolan dont on va partager un tournant important ne se prêterait guère
à une mise en scène chaude et généreuse. A cause d'une lourde dette dont l'origine |
restera assez obscure, Claire (Katrin Cartlidge
qui avait déjà percé de son visage acéré
les images de Naked, de Breaking the waves et de Deux filles d'aujourd'hui)
fait de son corps un commerce de luxe. Alors qu'elle vient d'enterrer sa
mère, elle prépare opiniâtrement son "affranchissement"
en accumulant les clients, engrangeant ce qui servira à sa quête
d'une dignité (re)trouvée. L'amour d'Elton, chauffeur de taxi prêt à tout pour l'aider, aidera Claire à puiser en elle, et en elle seule, la force dont elle a besoin. |
Les cadrages serrés, laissant peu d'espace aux personnages et aux extérieurs de New York, démultipliés par des jeux de vitres ou de miroirs, laissent une impression à la fois d'aliénation et de voyeurisme. Outre une conception visuelle très cohérente avec le parcours du personnage, Kerrigan maîtrise sa narration, la contenant avec grande justesse. Finalement, on ne saura pas trop d'où vient Claire, ni ce qu'elle deviendra après ce tournant. Le contraire aurait été facile et décevant. Jean Gouny |