Le Grand bain |
Le carré et le cercle C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée... Nous pouvions être dubitatifs à l’annonce en sélection officielle du dernier métrage en tant que réalisateur de l’acteur Gilles Lellouche, dont la filmographie n’est pas toujours palpitante. Ces a priori volent vite en éclats, tant Le Grand bain est un enchantement, une comédie mélancolique décalée qui n’est pas sans évoquer la veine d’Un éléphant, ça trompe énormément d’Yves Robert, même s’il ne s’agit pas vraiment d’un film de copains. Mais s’il fallait parler d’influences, on citera volontiers The Full Monty de Peter Cattaneo ou Little Miss Sunshine de J. Dayton et V. Faris pour la success story d’un petit groupe de losers, ou Le Maître-nageur de Jean-Louis Trintignant et L’Effet aquatique de la regrettée Sólveig Anspach pour l’univers sportif de la piscine au cœur du dispositif narratif. Pourtant, Gilles Lellouche a déclaré : « Pour LE GRAND BAIN, je n’ai regardé aucun film, je préférais m’affranchir de toutes références, même s’il y en a forcément plein d’inconscientes ». L’œuvre évite déjà la lourdeur de l’ancrage sociologique puisque le panel de quadras et quinquas choisi n’appartient pas uniquement à la classe populaire. |
Si Thierry (Philippe Katerine) est employé municipal et Simon (Jean-Hugues Anglade) un musicien raté, Bertrand (Mathieu Amalric) est un cadre dépressif en arrêt maladie et Laurent (Guillaume Canet) un superviseur caractériel, quand Marcus (Benoît Poelvoorde) apparaît comme un chef d’entreprise foireux réprimandé par son salarié. Un joli film choral se met alors à l’œuvre, quand Bertrand décide d’intégrer l’équipe et que nos (pas si) joyeux drilles se mettent en tête de concourir au championnat du monde de natation synchronisée masculine. Le film de Gilles Lellouche réussit à véhiculer un message d’optimisme et de tolérance, proposant une intéressante perspective sur l’identité de genre et les exclusions, sans mièvrerie ni chantage au sentiment, et avec des dialogues de comédie évitant les mots d’auteur aussi bien que la beauferie. Le Grand bain dépasse ainsi les fantaisies surestimées du duo Olivier Nakache et Eric Todelano, et ose même transgresser la représentation du handicap ou de la vieillesse, à travers les personnages respectifs de Leïla Bekhti et Claire Nadeau. On pourra certes déceler quelques longueurs et regretter un filmage des ballets aquatiques qui n’a pas l’élégance des comédies musicales de Busby Berkeley ou avec Esther Williams. Mais ce serait faire la fine bouche compte tenu du réel bonheur que procure le film. Gérard Crespo
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1h50 - France - Scénario : Gilles LELLOUCHE, Ahmed HAMIDI, Julien LAMBROSCHINI - Interprétation : Mathieu AMALRIC, Guillaume CANET, Benoît POELVOORDE, Marina FOÏS, Philippe KATERINE, Jean-Hugues ANGLADE, Virginie EFIRA, Félix MOATI, Leïla BEKHTI, Alban IVANOV, Balasingham THAMILCHELVAN, Jonathan ZACCAÏ, Mélanie DOUTEY, Noée ABITA, Claire NADEAU. |