Fugue |
« J’ai un mari, j’ai un enfant ? » |
On trouvera en effet une dénonciation implicite de la condition de la femme polonaise, que d’aucuns voudraient voir cantonnée dans les rôles d’épouse attentionnée et de mère aimante. La rébellion supposée d’Alicja est alors révélatrice d’un désir de transgresser les normes familiales en vigueur, même si l’amnésie dont on ignorera longtemps les causes lui servent de circonstances atténuantes. Ce n’est pas l’aspect le plus passionnant d’un film qui se situe dans la mouvance d’un cinéma plus onirique axé sur le thème de la dualité et qui a donné de bien jolies pépites avec Vertigo ou Trois femmes. Le film de Smoczynska n’atteint pas ces sommets mais séduit dans ses zones d’ombre, tant on se surprend à tenter de percer le mystère d’une femme dont on ne sait pas si elle est une manipulatrice ou une victime. Le jeu de l’actrice Gabriela Muscala, qui a aussi coécrit le scénario, contribue d’ailleurs à l’ambigüité qui imprègne l’atmosphère. Plastiquement soigné, le film est bien servi par une lumière expressionniste avec des contrastes de couleurs qui indiquent le malaise de la protagoniste. Celle-ci est en outre filmée avec un réel sens chorégraphique, à l’aide de travellings qui n’atteignent toutefois pas la virtuosité ophülsienne. En fin de compte, Fugues est un exercice de style élégant et attachant, mais il lui manque ce supplément d’âme et d’originalité qui lui permettrait de dépasser le niveau du film honorable de festival.
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1h40 - Pologne, République tchèque, Suède - Scénario : Gabriela MUSKALA - Interprétation : Gabriela MUSKALA, Lukasz SIMLAT. |