Alive in France
de Abel Ferrara
Quinzaine des Réalisateurs









Quand la musique endort

Sorti en catimini dans quatre salles de cinéma à la mi-août 2018, soit plus d’un an après sa présentation à la Quinzaine, Alive in France est un objet anodin qui méritait tout au mieux une programmation en troisième partie de soirée sur Arte ou une diffusion en streaming. Abel Ferrara est l’auteur de trois polars culte des années 90, The King of New York, Bad Lieutenant et Nos funérailles, qui ont assuré sa réputation auprès des cinéphiles. Le reste de sa filmographie est très inégal, le cinéaste ayant même touché le fond avec Welcome to New York, avant de prouver avec Pasolini qu’il n’avait pas vraiment perdu la main. Toujours est-il qu’au nom de la politique des auteurs, le petit maître a ses fans inconditionnels, surtout en France où se déroule ce documentaire. On y voit Ferrara intervenir dans une rétrospective de ses films à la Cinémathèque de Toulouse (mais on n’apprend rien sur son art et sa démarche). On le découvre surtout passionné de musique, au point de donner une série de concerts dédiés aux chansons et à aux bandes sonores de ses films.


Car à l’instar de Woody Allen ou Emir Kusturica, le réalisateur souhaiterait être aussi perçu comme un artiste musical. Le problème est que la qualité des morceaux laisse à désirer, et que la voix du monsieur n’a rien de transcendante. Ni les cinéphiles curieux de découvrir ou d’approfondir son œuvre de cinéma, ni les amateurs de documentaires musicaux n’y trouveront donc leur compte. Entre deux spectacles platement filmés, au Metronum de Toulouse ou Salò Club à Paris, les témoignages de ses proches (le compositeur Joe Delia, l’acteur-chanteur Paul Hipp et sa propre épouse, l’actrice Cristina Chiriac) n’apportent rien, et l'on a l’impression d’assister à un simple bonus DVD et ou au making of de… De quoi au juste ? On se pose la question seulement pendant la projection du film, tant les quatre-vingts minutes de ce documentaire insipide semblent interminables et sont aussitôt oubliées après le générique de fin.

Gérard Crespo



 

 


1h19 - États-Unis - Documentaire - Production et Distribution : BATHYSPHERE.

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