The Last Face
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Shame Dans une Afrique décimée par la guerre, le directeur d’une organisation d’aide internationale et un médecin humanitaire vivent une intense passion amoureuse qui changera leurs vies à jamais. Jusqu’à ce que leurs points de vue divergents sur les solutions à apporter aux conflits les opposent... Le nouveau Sean Penn était attendu comme l’un des points forts du Festival de Cannes. Il l’est effectivement, à son détriment, jamais au niveau de la dignité humaine où l’on attendait l’auteur d’Into the Wild. Le réalisateur met en scène ici un contexte de guerre, celui dévastateur d’un Libéria ou d’une Sierra Leone décharnés. Mais loin du pamphlet engagé, l’arrière-plan (sic) devient prétexte, un moyen comme un autre pour Sean Penn de mettre en scène un mélodrame. Une toile de fond rouge sang où les corps décharnés, les familles décimées et les populations exilées ne servent qu’à apitoyer le spectateur et à susciter chez lui un semblant d’émotion. Mais cette rhétorique confondante de sentimentalisme et de naïveté révèle un symptôme plus grave : celui du regard biaisé véhiculé le plus souvent dès lors qu’il est question de l’Afrique et de l’humanitaire. Comme si le cinéaste se faisait le porte-parole malgré lui d’une démagogie à l’état pur. La recette de Sean Penn est consternante, révoltante. Elle consiste en une mise en scène grossière et pompière (musiques grandiloquentes, plans et montage à la Michael Bay) et vise à dépeindre une Afrique fauchée par la guerre dans tout ce qu’il y a de plus caricatural et grotesque. Les populations terrorisées fuient des meurtriers invisibles, les familles déchirées pleurent dans la nuit... |
Outre le fait que The Last Face ait été sélectionné en compétition à Cannes - ce qui en soit est déjà honteux et intolérable -, le film montre l’ignorance immorale d’un Occident suprématiste. Où les Libériens apparaissent au second plan comme des animaux blessés auxquels quelques héros viendraient généreusement en aide. À aucun instant le scénario d’Eric Dignam ne place l’un d’entre eux sur le même plan que l’intrigue principale, mais les oblige à mourir en silence et dans l’anonymat le plus stupéfiant. Caractéristique déterminante de cette mise en scène complaisante : l’écrasante majorité des gros plans ne sont réservés qu’au casting séduisant, le reste étant destiné aux cadavres démembrés des Libériens. Ces derniers doivent ainsi se contenter d’une part de la mort, de l’autre de plans d’ensemble cadrant leur débâcle. Comment trouver allégorie plus réductrice ? Il serait aisé d’égrainer toutes les obscénités perpétrées par The Last Face, long métrage le plus indécent qu’ait connu le Festival de Cannes depuis des années. Le plus abject dans ce film reste sans doute l’absence totale, sinon quelques lignes griffonnées à la va-vite en amorce, de contextualisation de la situation géopolitique du pays. Sean Penn se moque pas mal - tout comme ses personnages - de l’identité du pays ou de ses habitants, de leur passé et de leur présent, et normatise tout avec une prétention et une outrecuidance détestable. Comme si l’on pouvait mondialiser impunément et qui plus est avec les lauriers un racisme latent hérité de la colonisation. Alexandre Jourdain
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2h12 - États-Unis - Scénario : Erin DIGNAM - Interprétation : Charlize THERON, Javier BARDEM, Adèle EXARCHOPOULOS, Jean RENO, Jared HARRIS. |