Un homme et une femme
de Claude Lelouch
Sélection officielle
Cannes Classics







Chabadabada

Claude Lelouch a très mal commencé sa carrière au cinéma : un premier film qui fut un tel échec qu'il en détruisit les copies, un autre inachevé suivi d'une œuvre sortie uniquement en Suède, un film descendu par la critique (et qu'il considère lui-même comme une erreur de jeunesse), un premier petit succès dont la suite fut un insuccès... Le réalisateur aime à conter l'anecdote de la fameuse nuit où, déprimé, il prit la route de Deauville à vive allure, ne craignant pas l'accident... Et le lendemain, tôt dans la matinée, arrivé à destination, il découvrit sur la plage l'histoire de son prochain long métrage, Un homme et une femme, qui deviendra vite le film culte associé à son nom. En effet, quand on parle de sa carrière, comment ne pas mentionner cette œuvre qui l'a rendu célèbre, récompensée par la Palme d'or au Festival de Cannes puis deux Oscars (meilleur film étranger et meilleur scénario original) ? On y trouve tout le style Lelouch qui sera sa griffe dans la suite de sa carrière, avec cette façon de filmer singulière, d'une réelle beauté visuelle, qui culmine dans une scène finale magistrale. Un homme et une femme est aussi la constitution de l'un des couples les plus mythiques du cinéma français, Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée, dirigés à merveille, Claude Lelouch sachant les rendre les plus naturels possible, à tel point que l'on oublie qu'ils jouent des rôles de fiction.

La force du film est de dégager une beauté et de transmettre beaucoup d'émotions par une économie de dialogues et en dépit d'un scénario d'une très grande simplicité pouvant se résumer en une phrase : un homme et une femme, tous les deux veufs, vont se rencontrer et s'aimer... Claude Lelouch, caméra à l'épaule, nous offre de superbes prises de vue : jamais une plage par temps hivernal nuageux et pluvieux n'avait paru aussi magnifique à regarder. Et aucun autre cinéaste n'a aussi bien filmé les scènes de voiture, comme celle de la course automobile, qui parvient à nous identifier aux protagonistes. Le tout est rythmé par une musique que tout le monde reconnaît dès les premières notes : le légendaire Chabadabada de Francis Lai, compositeur qui deviendra inséparable de la carrière de Claude Lelouch. Même si pour certains Un Homme et une femme peut être assimilé à des « essuie-glaces et des tranquillisants sur pellicule », il est indéniable qu'il a des qualités propres et qu'il faut avoir vu ce film au moins une fois dans sa vie. Le réalisateur ayant eu envie d'imaginer les retrouvailles de ce couple, une suite nommée Un homme et une femme : 20 ans déjà fut réalisée en 1986.

Jérémy Joly



 

 


1966 - 1h40 - France - Scénario : Claude LELOUCH, Pierre UYTTERHOEVEN - Interprétation : Jean-Louis TRINTIGNANT, Anouk AIMÉE, Pierre BAROUH, Valérie LAGRANGE, Simone PARIS, Paul LE PERSON.

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