Le Fanfaron
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En quatrième vitesse Un Méditerranéen très en verve, désinvolte, charmeur et... fanfaron, fait la connaissance d’un étudiant en droit studieux, timide et complexé. Il va lui faire vivre deux jours de randonnées trépidantes de Rome à Viareggio... Coécrit par Ettore Scola, Ruggero Maccari et Dino Risi, Le Fanfaron est un sommet de la comédie italienne. La première originalité du scénario est d’opposer le tempérament fantasque de Bruno, quadragénaire immature, qui vocifère au volant de sa Lancia Aurelia frôlant les deux cents à l’heure, à la personnalité introvertie de Roberto, emmené malgré lui dans une virée qui le dépasse. Le duo formé par Vittorio Gassman (prodigieux) et Jean-Louis Trintignant fonctionne à merveille, mais on ne saurait limiter le film au brio de son jeu d’acteurs ou à l’efficacité de ses quiproquos. Les péripéties sont certes pittoresques et la faune côtoyée par les deux hommes est prétexte à des scènes savoureuses : on retiendra surtout les retrouvailles entre Roberto, son ex-épouse (Luciana Angiolillo), et leur fille (Catherine Spaak). |
Cette dernière est sur le point d’épouser Bibi (Claudio Gora), un sexagénaire fortuné et rangé, au grand dam de Bruno dont la fantaisie s’accorde mal avec cette vision de la vie. Mais sous ses apparences de road movie boulevardier, rythmé par une bande musicale avec tubes d’époque (Saint Tropez Twist), l’œuvre est d’une causticité réjouissante et la société italienne des Trente Glorieuses en prend pour son grade. En fait, Dino Risi renvoie dos à dos le mode de vie hédoniste de Bruno et les aspirations conformistes de Roberto, la superficialité des adeptes de la dolce vita et l’univers étriqué des petits bourgeois ancrés dans leurs certitudes. Et si l’on rit beaucoup pendant la projection, le récit devient souvent amer, jusqu’à son dénouement tragique et inattendu. La démarche de Dino Risi annonce ici son film à sketches Les Monstres, satire au vitriol réalisée un an plus tard. Mené de main de maître, ce Fanfaron réussit donc à distiller un malaise certain, au-delà de son formidable potentiel comique. Gérard Crespo
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1962 - 1h45 - Italie - Scénario : Dino RISI, Ettore SCOLA, Ruggero MACCARI - Interprétation : Vittorio GASSMAN, Jean-Louis TRINTIGNANT, Catherine SPAAK, Claudio GORA, Luciana ANGIOLILLO. |