Dog Eat Dog |
Des personnages ambivalents et imparfaits Paul Schrader, sulfureux scénariste américain (notamment de Taxi Driver et Obsession), choisit d’adapter le roman Dog Eat Dog d’Edward Bunker, qui avait été publié en France sous le titre Les Hommes de proie. Grâce au succès et à la qualité de ses scénarios, Paul Schrader avait pu se glisser derrière la caméra, signant également quelques films notables de la fin des années 70 à celle des années 80 (American Gigolo, Blue Collar ou encore le remake de La Féline). Si depuis Paul Schrader n’a cessé d’écrire et de tourner, il n’a hélas plus jamais réussi à récupérer son lustre d’antan. Avec Dog Eat Dog, présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en 2016, il tente le coup en mettant en scène un petit film noir sous acide, polar déjanté qui trouve des affinités avec le cinéma de Quentin Tarantino et Abel Ferrara. À l’intérieur, Nicolas Cage, Willem Dafoe et Christopher Matthew Cook forment une association de trois ex-détenus qui vont tout miser sur le dernier coup qui leur permettrait de se ranger. Le poste de cerveau de l’opération ne sera pas facile à tenir pour Nicolas Cage, coincé entre une brute épaisse imprévisible et un camé borderline incontrôlable.
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La principale attraction du long-métrage tient en ces personnages ambivalents et imparfaits sur lesquels vient fondre une atmosphère qui semble nous sortir par moment du réel ainsi qu’un ton corrosif donnant lieu à quelques moments d’humour noir assez remarqués à l’instar d’une séquence d’ouverture pour le moins inattendue. Les dialogues prennent parfois un peu trop de place mais arrivent à se montrer plaisants, sans pour autant frôler le niveau de réussite de ceux mitonnés par un Quentin Tarantino. Mais dans son ensemble, le film se montre maladroit, partagé entre ses recherches d’ambiances à grand renfort d’artifices visuels en tout genre (du plan accéléré, du plan ralenti, des couleurs saturées tape-à-l’œil, du noir et blanc) et une avancée parfois poussive. Dog Eat Dog cherche constamment sa voie, sans pour autant réussir à imposer puis clarifier son rythme et son style. Un Schrader sans tambour ni trompette donc, où Willem Dafoe fait le show à lui tout seul, reléguant Nicolas Cage au second plan. Pierre Vedral
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1h35 - États-Unis - Scénario : Paul SCHRADER, Matthew WILDER - Interprétation : Nicolas CAGE, Willem DAFOE, Christopher Matthew COOK. |