Terminator |
« Quoi ma gueule ? » En 2029, des ordinateurs dominent la planète et souhaitent exterminer l'humanité. Pour cela, ils doivent modifier le passé et confient une mission à un cyborg indestructible, le Terminator (Arnold Schwarzenegger). Après un voyage dans le temps, ce dernier se retrouve à Los Angeles, en 1984. Il doit tuer Sarah Connor (Linda Hamilton), la femme dont le futur enfant deviendra l'unique espoir de l'espèce humaine. Mais Kyle Reese (Michael Biehn) a lui aussi été débarqué : il est chargé de combattre le robot et aider la jeune femme. Ce blockbuster de science-fiction révéla le solide talent artisanal de James Cameron, qui venait de subir un bide monumental avec le calamiteux Piranha 2 - les tueurs volants (1981). Les premières séquences s'inscrivent dans l'esthétique du film d'action urbain et nocturne comme il en fleurissait beaucoup à l'époque, dans la lignée des Guerriers de la nuit (W. Hill, 1979). L'apparition du Terminator qui terrorise un policier et fracasse un punk donne d'emblée le ton, et Cameron introduit les éléments de SF un peu plus tard dans le récit. Terminator frappe par la limpidité de son récit, une Américaine moyenne étant prise dans un piège qui la dépasse, et se retrouvant malgré elle dans une aventure incroyable. Cameron reprend la trame qui avait fait ses preuves avec des classiques de la dimension de La Mort aux trousses (A. Hitchcock, 1959), et lui donne un écrin futuriste d'une efficacité indéniable. Terminator doit aussi être situé dans le contexte des années 80, qui voyaient l'arrivée des premiers ordinateurs familiaux, l'informatisation, suscitant à la fois fascination et appréhension. En même temps, la guerre froide en avait encore pour quelques années, et le danger présenté pouvait être vu comme une métaphore de la paranoïa américaine, qui n'a d'ailleurs toujours pas disparu depuis. Le film est également novateur dans son rapport au temps. |
Certes, avec La Machine à explorer le temps (G. Pal, 1960) ou 2001 : l'odyssée de l'espace (S. Kubrick, 1968), le cinéma américain s'était déjà intéressé aux déplacements temporels. Mais c'est Terminator qui a relancé véritablement cette dimension, inaugurant une série de films aussi divers que Retour vers le futur (R. Zemeckis, 1985), L'Armée des 12 singes (T. Gilliam, 1995), ou le récent Interstellar (C. Nolan, 2014). Si le film culte de Cameron vaut donc pour un script en béton et sa thématique, les fans du genre apprécieront le brio du montage dans les scènes d'action. Les séquences de poursuite sont particulièrement remarquables, révélant le savoir-faire technique d'un réalisateur qui donnera le meilleur de lui-même avec Titanic (1997) et Avatar (2009). Et l'interprétation dans tout cela ? Ce n'est pas l'élément majeur du film. Si Linda Hamilton et Michael Biehn tirent leur épingle du jeu, Schwarzie est sans doute, avec Stallone, le pire acteur des années 80. Mais son expression limitée peut être aussi vue comme un atout, son personnage de robot muni de lunettes noires ayant propulsé le Terminator aux meilleures places du palmarès des méchants du 7e art. La limite du film est ailleurs. Terminator reste daté de par ses effets visuels et sonores (les néons de la discothèque, la musique synthé eighties). La photo d'Adam Greenberg, particulièrement criarde, donne au film une tonalité kitsch qui n'est pas sans évoquer celle de Purple Rain, sorti la même année. En dépit de ces réserves, Terminator se revoit toujours avec plaisir. Grand prix du Festival d'Avoriaz en 1985, le film, produit par Orion Pictures, obtint un succès immense et rapporta 78 371 200 de dollars au box-office international. James Cameron en tournera une suite jugée supérieure : Terminator 2 - le jugement dernier (1991). Suivront Terminator 3 - le soulèvement des machines (J. Mostow, 2003), Terminator renaissance (McG, 2009), et Terminator Genisys (A. Taylor, 2015). Gérard Crespo
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1984 - 1h48 - États-Unis - Scénario : James CAMERON, Gale Anne HURD - Interprétation : Arnold SCHWARZENEGGER, Linda HAMILTON, Michael BIEHN, Paul WINFIELD, Lance HENRIKSEN. |