Marguerite et Julien |
« Le pas des amants désunis » Marguerite et Julien est basé sur un scénario écrit en 1971 par Jean Gruault à la demande de François Truffaut, pour un film dont le projet fut abandonné. L'histoire est centrée sur les déboires de deux jeunes nobles exécutés à Paris en 1603 pour adultère et inceste. Marguerite et Julien de Ravalet ont déjà inspiré une toile de Pierre Mignard, un drame de Barbey d'Aurevilly et une série de romans de Juliette Benzoni. Notre intérêt avait été suscité quand Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm avaient acquis les droits du script de Gruault, qu'ils ont remanié. Après le coup d'éclat de La Guerre est déclarée, merveille de sensibilité romanesque, cette histoire sulfureuse autour d'une tragédie familiale et sentimentale semblait en effet cohérente avec l'univers de l'une des réalisatrices françaises les plus prometteuses. Hélas, on déchante vite... Valérie Donzelli a opté pour un mélange de premier degré et de décalage qui ne prend pas du tout, les boursouflures de la mise en scène plombant le film de la première à la dernière image. La référence à Demy est écrasante : |
Donzelli multiplie les anachronismes, du poste de radio aux costumes d'une autre époque, suivant le modèle de Peau d'âne, dont la subtilité et la poésie n'ont cependant rien à voir avec cette œuvrette manquée. Montage de vidéo-clip, photographie criarde, musique assourdissante, dialogues de roman de gare : où est passée la touche si fine et émouvante de la cinéaste ? On se consolera avec les seconds rôles, de Frédéric Pierrot et Aurélia Petit en parents dépassés par les événements à Geraldine Chaplin en belle-mère cynique, en passant par Catherine Mouchet en malheureuse confidente ou Bastien Bouillon en frère compréhensif. Ils ne suffisent pas à compenser le manque de conviction et de charisme des deux interprètes principaux. C'est dommage pour Anaïs Demoustier, dont les compositions avaient été remarquables dans des films aussi divers que Les Grandes personnes, Belle épine ou Une nouvelle amie. Que le film de Valérie Donzelli ait été sélectionné en compétition officielle au détriment de ceux de Desplechin et Garrel laisse songeur... Gérard Crespo
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1h50 - France - Scénario : Jérémie ELKAÏM, Valérie DONZELLI, d'après Jean Gruault - Interprétation : Anaïs DEMOUSTIER, Jérémie ELKAÏM, Frédéric PIERROT, Aurélia PETIT, Raoul FERNANDEZ, Catherine MOUCHET, Bastien BOUILLON, Sami FREY, Geraldine CHAPLIN, André MARCON, Philippe LAUDENBACH. |