Mad Max : Fury Road |
Les fous du volant Des trois énormes blockbusters qui ressuscitent leurs sagas respectives en 2015, Mad Max : Fury Road est le premier à sortir (avec Jurassic World en juin et Star Wars : le réveil de la Force en décembre), qui plus est en séance spéciale au 68e Festival de Cannes. Les divers trailers et bandes-annonces avaient alimenté un buzz de plus en plus délirant autour du film au cours des derniers mois, et les attentes étaient tout simplement phénoménales. C’est peu dire que le film les comble à tout point de vue. Histoire d’un aller et retour Le scénario relève pratiquement de l’abstraction générique. Il s’agit d’une course-poursuite de deux heures, presque sans temps mort, où le principal rebondissement consiste à faire faire demi-tour à nos héros dans le dernier tiers du métrage, les plaçant de nouveau directement sous le feu de leurs poursuivants. Et pourtant, malgré la simplicité désarmante du propos, le nouveau Mad Max est un festival pyrotechnique absolument virtuose et dont l’efficacité s’accompagne d’une réussite plastique indéniable. George Miller, déjà cinéaste des trois premiers volets de la saga, dépoussière avec brio l’univers du film, y ajoutant force personnages et détails qui pourraient être superflus s’ils ne conféraient pas au film cet aspect incroyablement fouillé et ludique. Pour la sobriété, évidemment on repassera, mais si vous n’êtes pas allergique à l’idée d’un char d’assaut agrémenté d’un guitariste flamboyant et de batteurs tribaux lancé à toute berzingue dans le désert namibien, alors ce film est probablement fait pour vous. Prodigieux ballet tellurique et aérien, ce Mad Max touche à l’éblouissement du spectateur durant toute la première heure, bolide de cinéma complètement furibard et créatif qui ne prend le temps d’une pause à mi-parcours que pour repartir de plus belle. La machine est évidemment rutilante et racée, mais il serait stupide de réduire le film à cette simple démonstration de force et de folie furieuse. Car l’autre attrait majeur du film est sa dimension – largement commentée dans les médias – volontiers féministe. |
Tom Hardy y joue certes un Max Rockatansky mutique et plutôt convaincant (même s’il n’a pas l’aura du Mel Gibson du film original), mais il se fait totalement voler la vedette par une Charlize Theron de nouveau méconnaissable en sorte de rejetonne terrienne de Ripley dans Aliens. Virile mais ne transigeant pas pour autant sur la dimension féminine de son personnage de Furiosa, elle campe une héroïne déterminée, amputée et protectrice lancée dans une quête pour la liberté et l’indépendance des femmes, gouttes d’eau virginales et de blanc vêtues dans l’ocre suffocant du désert qu’elles traversent. Et l’arrivée en fin de parcours d’une bande de motardes sexagénaires ajoute encore un peu de surprise et de malice à l’ensemble. À leurs trousses, les méchants sont caricaturaux et barbares à souhait, entourés de hordes de sbires tous plus ou moins identiques et parfaitement givrés. La découverte tout au long du film de cette microsociété et de ses lois pour le moins surprenantes suscite une jubilation et une sidération assez difficiles à décrire. Le tout est évidemment survolté et on en sort parfaitement lessivé, rassasié et un peu déboussolé. Ajoutons enfin que la musique, une fois n’est pas coutume, se démarque des productions habituelles du genre en jouant sur des motifs où dominent la répétition presque « motorik » et les salves de percussions et de guitare électrique ; la photo est sublime et joue sur des monochromes fascinants, de l’ocre rouge du désert ou de la tempête électrique et ses effets stroboscopiques, jusqu’à la blancheur d’un désert de sel ou la formidable nuit américaine – devrait-on dire « australienne » ? – bleutée des marécages boueux où s’enlise un temps notre cortège. Quant à la 3D, elle est spectaculaire et attractive à souhait, rappelant au passage la dimension pop-corn et populaire parfaitement assumée de ce film à la fois moderne, intelligent et foutrement allumé. Une vraie grande claque et un possible renouveau du genre. Maxime Antoine
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2h - Australie, États-Unis - Scénario : George MILLER, Brendan McCARTHY, Nick LATHOURIS - Interprétation : Tom HARDY, Charlize THERON, Nicholas HOULT, Zoé KRAVIT, Riley KEOUGH. |