Apollo 13
de Ron Howard
Sélection officielle
Cannes Classics
Cinéma de la Plage







« Houston, we've had a problem ! »

De Splash à Rush en passant par le redoutable Da Vinci Code, Ron Howard a été un director hollywoodien sans personnalité, capable au mieux d'œuvrer dans le biopic académique (Un homme d'exception). Il n'est donc pas surprenant qu'Universal Pictures et Imagine Entertainment aient fait appel à lui pour ce film commémoratif d'Apollo 13, destiné à un public familial. Mission lunaire commencée le 11 avril 1970, l'épopée avait dû être interrompue à la suite de l'explosion d'un réservoir d'oxygène. L'équipage, réfugié dans un module lunaire, fut contraint de poursuivre le voyage jusqu'à la Lune pour utiliser son attaction gravitationnelle afin de revenir sur Terre. L'ingéniosité des astronautes et du contrôle au sol pour trouver de l'énergie permit de récupérer sain et sauf l'équipage. D'un fiasco technologique et financier qui faillit tourner à la catastrophe, les États-Unis firent un moment de communion nationale, vantant l'étoffe des héros et la supériorité de l'Amérique... Le film de Ron Howard ne prend aucune distance avec ce non-événement historique, se contentant de dérouler la chronologie des faits dans une narration efficace mais linéaire et sans âme. Il faut reconnaître toutefois que le récit est bien documenté, et que les séquences se déroulant dans l'espace sont techniquement réussies. Le film obtint d'ailleurs les Oscars du meilleur son et du meilleur montage, ce qui n'était pas forcément démérité.

On appréciera surtout le huis clos dans la navette, qui voit trois astronautes se transformer en bricoleurs de génie pour sauver leur peau, ainsi que des effets spéciaux d'une sobriété exemplaire, loin de l'arrogance de nouveaux riches des actuels réalisateurs de blockbusters. Le casting masculin est particulièrement brillant. Tom Hanks, auréolé de ses deux Oscars pour Forrest Gump et Philadelphia, était l'interprète idéal pour incarner Jack Swigert, d'un héroïsme discret, auteur de la célèbre phrase « Houston, we've had a problem ». Kevin Bacon, ex-beau gosse de Footloose, accomplissait un virage remarqué dans le registre dramatique. Bill Paxton, réputé pour ses rôles physiques, s'initiait à l'émotionnel, deux ans avant d'explorer les fonds sous-marins dans Titanic. Mais Ed Harris leur dame le pion dans le second rôle de Gene Kranz, le directeur de vol et dirigeant de la NASA. Malheureusement Apollo 13 est terni par d'édifiants roulements de tambour patriotiques, et une musique mielleuse de James Horner qui ferait passer John Williams pour Bach. L'œuvre agace aussi par son sirop familialiste, à l'image des contrechamps sur les gros yeux inquiets de Marilyn Lowell (l'insupportable Kathleen Quinlan). Au final, Apollo 13 se laisse voir mais n'est en rien une merveille de l'espace. On préférera indiscutablement l'univers génial de 2001, les croisades de Star Wars ou la beauté intergalactique de Gravity.

Gérard Crespo



 

 


1995 - 2h20 - États-Unis - Scénario : William BROYLES Jr., Al REINERT, d'après le livre "Lost Moon" de Jim Lovell et Jeffrey Kluger - Interprétation : Tom HANKS, Bill PAXTON, Kevin BACON, Gary SINISE, Ed HARRIS, Kathleen QUINLAN.

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