Refugiado |
Mère et fils Diego Lerman avait été révélé en 2002 avec Tan de repente, road movie fantaisiste et décalé. Ce cinéaste argentin singulier avait déjà été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2010 pour L'Œil invisible, charge féroce contre la dictature. Il adopte ici une veine intimiste, mêlée à un thème de société (la violence conjugale), en déviant par instants sur les sentiers du road movie (qu'il semble donc affectionner) et du polar. Matias et Laura, sa mère, se voient obligés d’abandonner à la hâte la maison où ils vivent, fuyant une nouvelle réaction violente de Fabian. Matias a huit ans et Laura est en début de grossesse. Ils commencent ainsi à déambuler à la recherche d’un endroit où ils pourraient se sentir protégés et en sécurité. De chambres d'hôtels en maison de campagne familiale, les cachettes de la mère et du fils sont d'une précarité évidente, et Diego Lerman réussit à combiner lenteur contemplative des instants de répit et tension dramatique due au danger imminent. Et quand un téléphone portable vibre alors que Laura est sous la douche et que Matias prend l'appel, le cinéaste use d'un procédé narratif que n'aurait pas renié Hitchcock. |
Inspiré de faits réels similaires, Refugiado a demandé à Diego Lerman un important travail de documentation, entamé à partir du jour où il a été témoin d'une scène terrible : des journalistes et des policiers attendaient devant une entrée d'immeuble maculée de sang, après qu'un homme eut tiré sur son ex-femme alors qu'elle emmenait leurs enfants à l'école. Le film évite la lourdeur démonstrative et le ton lacrymal que son scénario aurait pu amener, et le réalisateur n'est pas loin de la démarche proposée par Iciar Bollain dans Ne dis rien / Te doy mis ojos (2003). « Ce n'est pas un film de genre à strictement parler, mais certaines séquences tiennent du thriller », assume le cinéaste. Cet ancrage populaire chez un artiste jusqu'alors cantonné dans un strict cinéma d'auteur n'est pas le moindre intérêt de Refugiado. En dépit d'une facture un peu lisse, ce récit d'un effritement conjugal se laisse regarder sans déplaisir. Gérard Crespo
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1h35 - Argentine - Scénario : Diego LERMAN, Maria MEIRA - Interprétation : Julieta DIAZ, Marta LUBOS, Silvia BAYLE. |