La Peur
La Paura
de Roberto Rossellini
Sélection officielle
Cannes Classics



Sortie en salle : 30 mai 2014




« Suivre un être avec amour, dans toutes ses découvertes... »

Irène Wagner, épouse du directeur d’une usine de produits pharmaceutiques, met fin à sa liaison avec son jeune amant mais la maîtresse de celui-ci la contacte pour la faire chanter. Irène achète son silence mais lors d’une soirée à l’Opéra, elle apparaît dans sa loge et lui vole un bijou. Son mari s’en aperçoit, Irène s’enfonce dans le mensonge…

Pour la cinquième et dernière fois, l’immense comédienne Ingrid Bergman tourne sous la direction de son mari, le cinéaste Roberto Rossellini, dans leur demeure, à un moment où le couple battait sérieusement de l’aile. Sorti en 1954, considéré comme secondaire dans la filmographie de son auteur, le film fut mal accueilli par la critique, si bien que le metteur en scène italien pensa un temps abandonner le cinéma. Un comble lorsque l’on découvre cette œuvre très aboutie et maîtrisée de bout en bout. Ce film est l’adaptation d’une nouvelle éponyme du grand auteur autrichien Stefan Zweig, écrite à Vienne en 1910 et publiée en 1920 (1935 en France). Dans cette nouvelle, Zweig révélait son sens magistral de la psychologie dans l’analyse des comportements humains – ici celui d’une femme, grande bourgeoise trompant son mari et habitée par la peur d’être démasquée, un sentiment qu’elle n’arrive plus à contrôler.

Rossellini explore lui aussi l’âme de cette femme (fascinante Ingrid Bergman dans une économie de jeu assez étonnante), en respectant presque à la lettre les principes du néoréalisme (« suivre un être avec amour, dans toutes ses découvertes, ses impressions, etc. »). Il suit cette femme dans son épreuve, sa souffrance morale. Pas de sentimentalisme exacerbé, peu de péripéties dans ce huis-clos incisif, cruel, remarquablement construit et mis en scène, qui entraîne le spectateur dans les tourments intérieurs de son personnage, le place dans la peau de l’héroïne, découvrant ce qu’elle voit mais aussi ses réactions.

Comme l’a si bien résumé le critique Jacques Siclier, ce film est bien « une sorte d’essai sur la cruauté où l’on y voit se détruire le couple du Voyage en Italie. C’est un film qui fait mal, un peu comme un rasoir dans l’œil du Chien Andalou. » À noter l’apparition d’un certain Klaus Kinski dans le rôle d’un artiste de cabaret.

La version numérique restaurée (en 4K) présentée à Cannes Classics cette année correspond au montage original du réalisateur.

Xavier Affre



 

 


1964 - 1h23 - Italie, Allemagne - Scénario : Sergio AMIDEI, Frank VON TREUBERG, Roberto ROSSELLINI, d'après le roman de Stefan Zweig - Interprétation : Ingrid BERGMAN, Mathias WIEMAN, Renate MANNHARDT.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS