Massacre à la tronçonneuse |
Le malheur est dans le pré Sorti en 1974 aux États-Unis, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 1975 et primé au Festival d'Avoriaz en 1976, Massacre à la tronçonneuse a été interdit d'exploitation en France jusqu'en 1982, date à laquelle le visa de censure exigea une interdiction aux moins de 18 ans. Seule une sortie vidéo de 1979 avait permis à l'œuvre de se constituer un premier réseau de fans. Ce second long métrage de Tobe Hooper est l'un des films d'horreur les plus célèbres de l'histoire du cinéma. C'est aussi un étalon fondateur du slasher, et le troisième volet d'une trilogie de cinéphile qui aurait commencé avec Psychose et La Nuit des morts vivants (G. A. Romero, 1968). Le premier point commun avec Psychose est l'inspiration portée par la vie du meurtrier Ed Gein, connu pour avoir profané de nombreuses sépultures et collectionné des restes humains. Ensuite, Tobe Hooper a retenu une leçon hitchcockienne de base : l'horreur ne doit surgir qu'en milieu de récit, la première moitié servant à familiariser le spectateur avec les protagonistes et à distiller une angoisse progressive permettant de créer une ambiance d'étrangeté dans un cadre réaliste. Nous suivons ici l'escapade en week-end d'un petit groupe d'amis traversant le Texas en minibus. Il y a là deux couples de jeunes gens, ainsi que Franklin, le frère de Sally (Marilyn Burns), qui est handicapé physique. La rencontre avec un mystérieux auto-stoppeur (Edwin Neal) et la découverte d'un cimetière profané seront le début d'une journée qui s'avérera cauchemardesque. Tournée avec un petit budget et une équipe légère, cette série B est un incroyable chef-d'œuvre d'épouvante, déployant un décor d'anthologie (une maison décorée d'ossements animaux et humains) et alimentant un rythme sans failles ni plans inutiles. |
Nous restons toujours pétrifiés par un suspense haletant et un paroxysme de la violence gore, encore que de nombreuses scènes aient été coupées au montage par le réalisateur, pour créer une narration elliptique davantage effrayante. On citera à cet égard la séquence qui voit Leatherface poursuivre Sally dans la nuit, avant que la jeune femme ne se réfugie dans une station-service qu'elle croit être un lieu sûr... Le film est implicitement une dénonciation féroce de la société américaine, avec ses illusions de rêve et son « capitalisme cannibale » ; Tobe Hooper a déclaré avoir été heurté par les mensonges du gouvernement américain face à la débâcle de la guerre du Vietnam et devant le scandale du Watergate. Cette prise de conscience politique l'a amené à réaliser un récit « incroyable » et à présenter l'histoire comme une reconstitution de faits réels, alors que les images horrifiques qui défilent sous nos yeux sont essentiellement issues de son imagination. De nombreux cinéastes ont été marqués par le film. « Je l'ai vu un certain nombre de fois mais, de mon point de vue, il reste toujours génial et indémodable », a déclaré John Landis. Beaucoup partagent ce point de vue, et l'on gardera notamment en mémoire les gros plans sur des yeux clairs dilatés par l'effroi ainsi que le sourire machiavélique de Jim Siedow, l'un des seconds couteaux (de cuisinier) les plus marquants du genre. Le film fut l'objet de plusieurs suites (dont une réalisée par Hooper), remakes, prequels, et d'un reboot, mais aucune de ces productions, purement commerciales, ne valurent l'original, objet d'un culte depuis sa sortie. La restauration 4K de 2014, réalisée par Dark Sky Films, a été faite à partir du 16 mm original, dont est issu le scan. Tobe Hooper a supervisé le nouvel étalonnage ainsi que les nouveaux mix sonores 5.1 et 7.1. Gérard Crespo
|
1974 - 1h30 - États-Unis - Scénario : Tobe HOOPER, Kim HENKEL - Interprétation : Marilyn BURNS, Allen DANZIGER, Paul A. PARTAIN, William VAIL, Teri McMINN, Edwin NEAL. Jim SIEDOW, Gunnar HANSEN. |