The Go-Go Boys |
Les derniers nababs « The Go-Go Boys » est le surnom donné naguère à Menahem Golan et son cousin Yoram Globus, qui prirent le contrôle de Cannon Films dans les années 80. Ils restent associés à un certain cinéma commercial de cette période, quand les seuls noms de Charles Bronson, Chuck Norris, Lee Marvin ou Sylvester Stallone suffisaient à monter un projet censé cartonner en Occident tout en servant de produit d'appel sur les marchés internationaux. La réalisatrice Hilla Medalia évoque avec les deux hommes et leur famille leur parcours très singulier. Né en 1929 en Palestine mandataire, Menahem Golem avait d'abord été une figure importante de l'industrie cinématographique israélienne, réalisant plusieurs films populaires tout en assurant des mises en scène de théâtre. Parti aux États-Unis dans les années 60, il collabora un temps avec Roger Corman, avant de fonder en Israël sa propre société de production. Les méthodes de travail et signes distinctifs des films entrepris (petit budget, premier degré pour scénarios minimalistes et manichéens...) furent ensuite exportés à Hollywood quand avec son cousin il racheta Cannon Films. Le documentaire de Hilla Medalia alterne interviews, extraits de films et actualités d'époque, sans verser dans l'hagiographie. |
Si Le Justicier de minuit, Delta Force et autres Over the top s'attirèrent les foudres de la critique, certaines productions Cannon incarnent également les délices du cinéma bis et de genre et ne seront pas sans influencer un Quentin Tarantino. Mais le documentaire rappelle que Golan et Globus manifestèrent aussi des ambitions artistiques, produisant en 1984 Love Streams de John Cassavetes et Maria's lovers d'Andreï Konchalovski, avant de financer Altman, Schatzberg, Zeffirelli, et même Godard, dont King Lear laissa sans voix les deux cousins. La dernière partie du documentaire évoque le déclin de Cannon Films et la fin de la collaboration entre Golan et Globus, suite à une série d'échecs et de partenariats commerciaux foireux. Si le film de Hilla Medalia se rapproche un peu trop du style télévisuel ou du bonus de qualité d'un coffret DVD, il a le mérite de la concision (190 minutes), tout en témoignant d'une époque de transition, après le déclin des grands studios et l'avènement des indépendants, et avant la suprématie du tout-numérique et des effets spéciaux. Menahem Golan est décédé en août 2014, soit trois mois après la présentation de The Go-Go Boys dans la sélection Cannes Classics du Festival. Gérard Crespo
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1h30 - Israél - Documentaire |