My Sweet Pepper Land |
C’est la femme ou l’école qu’ils ne veulent pas ? Une histoire d’amour qui finit bien ! On ne boude pas son plaisir. D’autant plus qu’elle prend place au Kurdistan et révèle l’exotisme d’une terre pétrie d’archaïsmes. Comédie burlesque, farce macabre, western en version orientale, drame social, aventure romanesque, Hiner Saleem multiplie les genres pour dénoncer la place que la bêtise et l’obscurantisme concèdent à la femme. Une scène d’ouverture proprement hallucinante met en place une exécution capitale abracadabrantesque dans un pays qui, face au joug de l’Irak, vient de retrouver son libre-arbitre. Baran, combattant revendiqué n’ayant plus rien à combattre mais préférant reprendre du service plutôt que de sacrifier aux projets matrimoniaux de sa mère, accepte le poste qui lui est proposé dans un commissariat perdu au fin fond du Qamarian. Contre vents et marées, soit contre père et frères qui voudrait la caser, Govend, non contente de se faire remarquer pour n’être toujours pas mariée à 28 ans, insiste pour retourner faire l’institutrice dans ce même bled. Elle aussi par vocation. |
Le coin en question, limitrophe de la Turquie, « triangle des Bermudes » de trafics en tout genre et de rivalités intestines entre Kurdes d’Iran, de Turquie et d’Irak, est justement en proie au militantisme actif d’amazones kurdes de Turquie, qui ont fait sauter le pont d’accès au village. C’est sur la route que Baran, continuant à cheval, et Govend, faisant chemin à pied, se rencontrent dans un paysage rude et austère, d’une beauté magnifique. L’homme aux yeux d’or et la fille aux doigts de fée lorsqu’elle les laisse courir sur son bizarre instrument de musique auront à se battre contre le village entier, regroupé autour de l’auberge Pepperland, et, face à la corruption, le chantage, les intimidations, imposer la loi tant au caïd de la région et à ses sbires qu’aux frangins de Govend venus en renfort défendre le soit disant honneur de leur sœur. Rien n’est comme ailleurs au Qamarian. Un petit élève de Govend affirme d’ailleurs que 1 + 1 égale 10 : mon père et ma mère font dix enfants… Mais c’est pourtant là, dans une terre qui lui est particulièrement hostile, que la justice parvient à triompher. Avec l’amour en plus. Marie-Jo Astic
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1h40 - Allemagne, France - Scénario : Hiner SALEEM, Antoine LACOMBLEZ - Interprétation : Korkmaz ARSLAN, Golshifeh FARAHANI. |