Shield of Straw
Wara No Tate
de Takashi Miike
Sélection officielle
En compétition








La prime à la casse

Petit maître d'un cinéma de genre au carrefour du policier et du fantastique, Takashi Miike s'est un peu assagi depuis Hara-Kiri : mort d'un samouraï, présenté en 2011 dans cette même compétition officielle. Non que Shield of Straw soit dépourvu de qualités, loin de là. Il y a même un véritable plaisir de filmer dans ce polar dénonciateur d'une société cupide qui valorise l'argent avant tout autre principe moral. Et Takashi Miike est un redoutable conteur, réussissant à trouver un rythme hitchcockien à ce récit d'une chasse à l'homme. Tout commence lorsque qu'un puissant homme politique propose une très grande récompense à qui tuerait le meurtrier de sa petite-fille sauvagement assassinée. Craignant pour sa vie, Kunihide Kiyomaru, le tueur (auprès duquel le De Niro des Nerfs à vif passerait pour un enfant de chœur), se rend à la police. Une escorte de flics effectue alors un voyage pour le transférer, quand la prime proposée attire les foules, au point que sa capture devient vite un sport national.

Tous veulent sa peau, d'une innocente infirmière à des policiers entrant en force dans le compartiment de train dans lequel sont réfugiés l'assassin présumé et les forces de l'ordre. Chacun a ses raisons, comme disait Renoir, mais tous perdent la raison...

Le film regorge alors de morceaux de bravoure, d'une spectaculaire chasse à l'homme sur une autoroute encombrée de fourgons de police à la prise en otage d'une malheureuse fillette sur un quai de gare. Takashi Miike n'a rien à envier aux artisans du film d'action hollywoodien qui de Don Siegel à John McTiernan ont montré leur efficacité dans le genre. Il possède même ce supplément d'âme et de style qui distingue le faiseur de l'artiste. Nul doute que les propositions d'un grand studio américain ne devraient pas tarder après ce film, si elles n'ont pas déjà été faites. Il n'en reste pas moins que la dénonciation explicite de la corruption enrichit le film tout en le limitant à un exercice de style sur fond de politiquement correct. De l'auteur du sulfureux Gozu aux accents lynchiens, on pouvait attendre mieux que ce (très bon) produit balisé.

Gérard Crespo


 

 


2h05 - Japon - Scénario : Tamio HAYACHI, d'après le roman de Kasuhiro Kiuchi - Interprétation : Tatsuya FUJIWARA, Nanako MATSUSHIMA, Tsutomu YAMAZAKI.

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