L'Homme de Rio
de Philippe de Broca
Sélection officielle
Cannes Classics




Sortie en salle : 29 mai 2013




On a volé les statuettes indiennes

Coproduction franco-italienne, tournée à Paris et au Brésil, cette réussite majeure de la comédie d'aventures est une libre adaptation de l'univers des Tintin de Hergé. Philippe de Broca, dont c'est le premier gros succès, est entouré de plusieurs co-scénaristes : Jean-Paul Rappeneau, qui réalisera en 1965 La Vie de château, Daniel Boulanger, auteur du savoureux dialogue, et Ariane Mnouchkine, fille de Alexandre Mnouchkine, le producteur, influencée par Monsieur Arkadin de Welles pour le « McGuffin » du récit. Philippe de Broca et Rappeneau ont avoué avoir été aussi marqués, dès leur jeunesse, par les œuvres de Maurice Leblanc ou Jules Verne. L'histoire mêle avec bonheur fantaisie policière et exotisme international, quelques années après la sortie des premiers James Bond, dont l'Homme de Rio est un peu le pendant léger hexagonal.

Nous suivons donc le deuxième classe Adrien Dufourquet (Jean-Paul Belmondo), témoin de l'enlèvement de sa fiancée Agnès (Françoise Dorléac), fille d'un célèbre ethnologue. Il part à sa recherche, qui le mène au Brésil, et met au jour un trafic de statuettes indiennes. À la fois simple et héroïque, courageux et farfelu, Adrien est un garçon emporté dans une histoire qui le dépasse et ne l'intéresse pas, son seul but étant de récupérer son amoureuse.

Le récit suit alors un rythme endiablé, dans une mécanique narrative savoureuse, dont le meilleur réside dans des invraisemblances jouissives, tel ce parachutage d'un Jean-Paul Belmondo en pleine forêt amazonienne avec en guise de comité d'accueil un crocodile puis un titi parisien alcoolique qui lui sauvera la vie... Mais on pourrait multiplier les passages délicieux à citer : le hold-up dans un musée, le vol Paris-Rio, le meurtre d'Aldolfo Celi, le tout monté avec brio et d'un soin technique évident (la belle photo couleur d'Edmond Séchan). Le film marque aussi une transition dans la carrière de Jean-Paul Belmondo, qui garde la verve du jeune premier révélé par Godard, tout en effectuant ses premières cascades, évoluant vers un cinéma-spectacle de plus en plus évident. Françoise Dorléac, au sommet de sa beauté, est digne des meilleures actrices de la comédie américaine, et la séquence dans laquelle Adrien tente de sortir Agnès de sa torpeur sur la plage est un véritable régal, dont l'auteur de Pierrot le Fou se souviendra peut-être pour une célèbre scène avec Belmondo et Anna Karina, un an plus tard. Jean Servais en savant mégalomane, Daniel Ceccaldi en flic à la masse ou Simone Renant en tenancière élégante et louche complètent une distribution brillante, dans l'esprit des légendaires figures secondaires (le professeur Tournesol, la Castafiore...) des Tintin. L'Homme de Rio fut nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère et aurait influencé Spielberg dans la conception des aventures d'Indiana Jones.

Gérard Crespo


 

 


2h - France - 1964 - Scénario : Jean-Paul RAPPENEAU, Ariane MNOUCHKINE, Daniel BOULANGER, Philippe de BROCA - Interprétation : Jean-Paul BELMONDO, Françoise DORLÉAC, Jean SERVAIS, Roger DUMAS, Daniel CECCALDI, Adolfo CELI, Simone RENANT.

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