Nos héros sont morts ce soir |
Les yeux sans visage Au début des années 1960, deux amis, Simon et Victor, sont catcheurs et s’affrontent sur le ring. Le premier, surnommé "Le Spectre", est le champion du public et s'oppose au second, "L’Équarrisseur de Belleville", auquel revient le rôle de méchant. Mais ce dernier étouffe sous le masque de bourreau et voudrait, au moins une fois, avoir droit aux faveurs du public. Simon propose alors à Victor d’échanger leurs masques... Ce premier long métrage est une réussite, qui voit son auteur se référer, pêle-mêle, aux ombres de Becker, Melville voire Franju, tout en décrivant un univers (le catch et ses magouilles) assez peu traité dans le cinéma français. |
L'arrière-fond politique, qui évoque brièvement la guerre d'Algérie, ne sert que de prétexte mais le cinéaste ose déboulonner la statue du général de Gaulle dans deux séquences audacieuses, l'une par son insolence, l'autre pas son humour acerbe au milieu d'une scène angoissante de règlement de comptes. Mais l'essentiel est ailleurs, dans ce décalage onirique qui fait de ce jeu de pistes un troublant récit, oscillant entre la trame policière et l'intimisme psychologique. On y croise des silhouettes et seconds couteaux percutants tels Philippe Nahon en manager cynique ou Yann Collette en parieur inquiétant. Quant aux deux acteurs principaux de ce film inclassable, ils crèvent littéralement l'écran, en particulier Denis Ménochet. Ce comédien croisé chez François Ozon (Dans la maison, où il était Rapha père) et Rebecca Zlotowski (Grand Central, en mari de Léa Seydoux) trouve la force d'un Ventura ou d'un Lanvin pour incarner avec autorité ce catcheur désabusé et frustré. Gérard Crespo
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1h30 - France - Scénario : David PERRAULT - Interprétation : Denis MÉNOCHET, Jean-Pierre MARTINS, Philippe NAHON, Pascal DEMOLON, Yann COLLETTE, Constance DOLLÉ, Alice BARNOLE. |