Le Grand bleu
de Luc Besson
Sélection officielle
Cannes Classics








Flipper avec les dauphins

Triomphe phénoménal de l'année 1988, film culte de nombreux spectateurs, merveille de poésie existentielle pour les uns, sommet de néant artistique et intellectuel pour les autres, Le Grand bleu a fait couler beaucoup d'encre, alimentant davantage les pages société des gazettes que les colonnes des revues de cinéma. Le film suit le parcours de deux enfants, Jacques Mayol et Enzo Molinari, fous de plongée se disputant la suprématie des profondeurs marines. Adultes, ils deviennent de remarquables plongeurs apnéistes et participent à un concours qui les rend tant rivaux que complices. Mais leurs personnalités s'opposent : quand Enzo défie la profondeur de la mer, Jacques, moins homme que créature marine, répond en poète à son appel, au point de ne pas entendre la voix de sa fiancée, Johana, une jeune Américaine qui représente l'élément terrestre.

On a beaucoup écrit, à l'époque, sur les raisons inconscientes de la fascination exercée sur le public, s'identifiant à un personnage lui-même en transe, l'attraction pour la profondeur marine (de Jacques comme du spectateur), symbolisant le retour à la position foétale et le refus d'affronter les vicissitudes de l'existence.

L'explication psychanalytique vaut ce qu'elle vaut. On mettra au crédit de l'œuvre une sincérité réelle, une virtuosité technique indéniable, la beauté de plusieurs prises de vue en décor naturel, ainsi que la photogénie de Jean-Marc Barr, acteur inexpressif mais dont le visage mélancolique et romantique s'accorde avec bonheur à l'esprit du film. Pour le reste, un quart de siècle après sa sortie, on restera toujours agacé par l'emphase qui l'emporte sur l'émotion, la mièvrerie ambiante d'un récit involontairement new age, le jeu faux d'une Rosanna Arquette peu avare de minauderies, des seconds rôles de talent (Jean Bouise, Andréa Voutsinas), réduits au rang d'accessoires de musée océanographique, une musique d'Éric Serra victime des trahisons de la mode et un sentiment général d'ennui aussi abyssal que les profondeurs de l'océan.

Le film révéla au grand public Jean Reno que Besson dirigera à nouveau dans Nikita et Léon.

Gérard Crespo


 

 


2h16 - France - 1988 - Scénario : Luc BESSON, Robert GARLAND, Marilyn GOLDIN, Jacques MAYOL, Marce PERRIER - Interprétation : Rosanne ARQUETTE, Jean-Marc BARR, Jean RENO, Sergio CASTELLITO, Jean BOUISE, Marc DURET, Griffin DUNNE, Andréas VOUTSINAS, Valentina VARGAS.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS