Le Démantèlement |
Tout ça va s’replacer…
Contrairement à ce qu’indique son titre, Le Démantèlement est un film qui tend à reconstruire, à faire que résiste un cinéma en voie de disparition : facture classique, décors naturels, 35 mm (le dernier développé chez Technicolor à Montréal), le ton de Sébastien Pilote est clairement à la nostalgie. Dans l’immensité canadienne, Gaby dirige sa ferme et élève ses agneaux, regrettant les visites trop rares de ses filles, installées à la ville et peu enclines à prendre la succession de son exploitation. Elles nous sont présentées en diptyque, séparément, comme le sont les autres personnages, son pote Louis, son ex-femme Françoise…, qui composent les restes de son environnement social morcelé. |
Marie est l’aînée, qui annonce à son père qu’elle se sépare de Steve, son mari, et veut lui racheter sa part de l’appartement citadin. Sorte de père Goriot, taiseux mais trop aimant, Gaby lui promet de trouver une solution. Devant le refus de la banque de lui consentir un prêt, il se résout à une première vente aux enchères des bêtes et des vieux équipements. Une seconde suivra avec le démantèlement complet de la ferme, celle-là même qui devait régler tous les problèmes et les a au contraire créés, le rendant esclave du travail, des bêtes, de la terre, l’isolant de sa famille. Avec force et élégance, Le Démantèlement figure la charnière entre l’impossibilité de la transmission et la possibilité retrouvée de l’échange et du partage. Marie-Jo Astic
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1h51 - Canada - Scénario : Sébastien PILOTE - Interprétation : Gabriel ARCAND, Gilles RENAUD, Lucie LAURIER. |