Borgman
de Alex van Warmerdam
Sélection officielle
En compétition



Sortie en salle : 20 novembre 2013




ou l’effet qu’il produit sur les femmes qui lui ouvrent leur porte

N’ayant oublié ni Les Habitants (1992), ni La Robe (1996), les festivaliers fans de cinéma intrusif et adeptes d’un certain humour batave attendaient le dernier opus d’Alex van Warmerdam avec impatience.

Le film s’ouvre sur une chasse à l’homme. Un trio armé, dont un prêtre, course un SDF à travers le bois voisin. Celui-ci et quelques autres y vivent sous terre, formant un réseau que l’on pourrait apparenter à un étrange macrocosmos. Ressurgi à la surface, Camiel Borgman, donc, rejoint la zone pavillonnaire richement habitée en quête d’une âme charitable qui l’hébergerait le temps de prendre un bain. Sonnant chez les Van Shendel, il est prêt à convaincre Marina, lorsqu’arrive Richard, son mari, qui, tout empreint de ses peurs et de ses xénophobies, chasse l’intrus après une violente bastonnade. Mais, dès que le mari a tourné le dos, Camiel planqué dans l’atelier ressurgit aux yeux de Marina, qui pétrie de culpabilité eu égard à son confort de vie, lui ouvre les portes de sa salle de bain… en attendant mieux. Lorsque dans la pénombre, il prononce ces trois mots : « Je suis là. », on sait en effet qu’il faudra désormais compter avec lui.

Le jardinier des Van Shendel ayant été victime d’un subit accident et ainsi inauguré un système de plantation subaquatique pour le moins insolite, Camiel Borgman relooké est recruté haut la main à l’occasion d’un casting savamment orchestré. Camiel, avec son équipe, son art du conte et de la séduction, ses méthodes expéditives, prend possession des lieux, dévaste le couple à l’image du jardin et prend le pouvoir façon hubots sur les jeunes âmes des enfants et de leur nurse danoise.

Bien que très acide, l’humour apporte une distanciation salvatrice dans cette peinture au vitriol d’un monde occidental en proie à ses phobies et ses culpabilités. Jan Bijvoet (Camiel) et surtout Hadewich Minis (Marina) en femme au bord de la crise de nerf sont parfaits dans leur interprétation.

Marie-Jo Astic


 

 


1h58 - Pays-Bas - Scénario : Axel van WARMERDAM - Interprétation : Jan BIJVOET, Hadewych MINIS, Jeroen PERCEVAL.

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