Hors les murs
de David Lambert
Semaine internationale de la critique


Sortie en salle : 5 décembre 2012




« Ni avec toi, ni sans toi »

L'action se situe à Bruxelles, en 2011. Paulo, un jeune pianiste à la vie presque rangée, rencontre Ilir, un bassiste d’origine albanaise. C’est le coup de foudre, ces deux-là s’aiment instantanément. Malgré les réticences d’Ilir, habitué à une vie solitaire, Paulo quitte son amie pour s’installer dans une minuscule chambre avec lui. Un quotidien s’installe, ils surpassent leurs différences pour vivre d’amour et d’eau fraîche. Le jour où Paulo promet à Ilir de l’aimer pour la vie, Ilir part et ne revient plus. Premier long métrage du scénariste de La régate (Bernard Bellefroid, 2010), délicat récit d'un adolescent en souffrance, Hors les murs décrit avec finesse un amour difficile de par les différences sociales et morales qui entachent la relation fusionnelle de deux êtres que l'amour rapproche mais que tout sépare. Rires et larmes, douceur et désir, euphorie et angoisse sont le quotidien de Paulo. « Ni avec toi, ni sans toi », faisait dire François Truffaut à l'un des personnages de La femme d'à côté :


sans atteindre ce sommet du romanesque, le film de David Lambert n'en est pas moins fiévreux et habile à décrire les doutes et contradictions inhérents à une relation tant solide que fragilisée.

Certes, le scénario n'évite pas les clichés et la partie sur l'absence de Ilir est la plus faible, les pulsions autodestructrices et masochistes du jeune pianiste donnant lieu à des séquences doloristes convenues. On préférera le charme évanescent des premiers instants de la vie à deux, et ces saynètes de comédie amère, à l'instar de ce coming out annoncé au micro d'une caisse de supermarché. Ou bien ce dénouement inattendu, qui voit Ilir manifestement toujours épris mais dominé face à un Paulo embourgeoisé et vidé de tout désir pour lui : un instant fort prometteur quant à la capacité de David Lambert à structurer un récit. Hors les murs confirme par ailleurs le talent de Guillaume Gouix, formé au Conservatoire de Marseille puis à l'École régionale d'acteurs de Cannes, et aperçu dans plusieurs productions dont Le bel âge et Belle épine. Il semble destiné à un beau parcours de comédien.

Gérard Crespo



1h38 - Belgique, Canada, France - Scénario : David LAMBERT - Interprétation : Guillaume GOUIX, David SALLES, Matila MALLIARAKIS.

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