Des hommes sans loi |
Je vais te rendre la vie très difficile Cinéaste australien en connivence avec la barbarie (La Proposition, La Route), John Hillcoat, avec Des hommes sans loi, opère le cumul de genres entre film de gangsters et western puisqu’il transplante ses moonshiners chez les ploucs de Virginie, dans le comté de Franklin, en 1931, alors que la prohibition et son cortège de criminalité font rage. L’épopée est inspirée du récit de Matt Bondurant The Wettest Country in the World, narrant les exploits de son grand-père, Jack, et de ses grands-oncles, Forrest et Howard, auxquels s’adjoint ici Cricket, seul « innocent » de cette famille peu recommandable. Les Bondurant, la légende veut qu’ils soient indestructibles, immortels. Et c’est presque vrai, à en juger par la vitesse avec laquelle ils cicatrisent et ressuscitent de tabassages à mort et autres égorgements. Défendre son territoire face à une police et une justice tout aussi mafieuses qu’eux est un travail de tous les jours, et tout particulièrement celui de Forrest qui voit d’un mauvais œil Jack se prendre pour Al Capone ou courtiser Bertha, ravissante et pure, mais membre des Dunkards, secte chrétienne et conservatrice. « Mon père dit que vous êtes une calamité pour Franklin, » évidence-t-elle à son prétendant. Quant à l’aîné, Howard, il se montre d’une susceptibilité bagarreuse qui croît à l’aune des bocaux de « pomme » dont il s’imbibe à longueur de journée. |
Voici donc Forrest, le bon, qui a pris sous sa protection Maggie, ex-danseuse de boîte de Chicago venue se « réfugier » chez les rednecks – Howard, la brute toujours disponible pour dérouiller qui passe à sa portée – Jack, le truand, et ses velléités d’expansion de l’entreprise familiale génératrices de dommages collatéraux dont, par naïveté, son plus jeune frère et acolyte des coups foireux, Cricket, fera les frais. Pour faire danser tout ce beau monde, qui prospère vaillamment tandis que le pays court à la faillite, il y a le procureur Rakes, malade cynique, aux côtés duquel les trois frangins passeraient pour des enfants de chœur, usant de méthodes aussi expéditives qu’imaginatives, passé maître dans le supplice du goudron et des plumes. Mais rien à voir ici avec le paisible Lucky Luke. Au pays des invincibles ça castagne, ça dérouille, ça cogue, ça mitraille, ça explose, ça tranche dans le vif et pas uniquement pour tuer le cochon. Jusqu’au règlement de compte final à Blackwater Station, John Hillcoat mène avec énergie son histoire à la dure et abat son tiercé gagnant : classicisme esthétisant, image léchée, décors soignés. Ça passe ou ça casse. Marie-Jo Astic
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1h55 - Etats-Unis - Scénario : Nick CAVE, d'après le roman ''The Wettest country in the world'' de Matt Bondurant - Interprétation : Guy PEARCE, Tom HARDY, Jessica CHASTAIN, Gary OLDMAN, Shia LeBEOUF, Mia WASIKOWSKA. |