L'exercice de l'Etat |
La comédie du pouvoir Après Versailles, Pierre Schoeller quitte le naturalisme poétique pour un récit politique plutôt enlevé, dont le mélange d'étrangeté et de teneur documentaire se situe aux carrefours des premiers films policiers d'Alain Corneau, du cinéma politique de Francesco Rosi (Cadavres exquis) et des œuvres de dénonciation du pouvoir économique et financier (Ressources humaines). Olivier Gourmet, visage familier du cinéma des Dardenne (Le fils) endosse sans difficultés ce rôle de ministre des transports partagé entre son plan de carrière, son souci de la communication, et une certaine intégrité dans sa défense d'un service public des voies ferrées... Un accident d'autocar, la rencontre avec un chauffeur stagiaire et une route en construction seront les révélateurs de ses doutes et des manipulations, qu'il orchestre et subit. |
L'Exercice de l'État regorge de séquences à la frontière de l'onirisme et du surréalisme, plutôt rares dans ce genre de cinéma, comme si Pierre Schoeller maintenait une distance avec son sujet. Les digressions, brèves (la paternité du premier chauffeur), ou plus longues (une insolite virée dans une caravane à Marne-la-Vallée), ne sont pas des coquetteries de style et de narration mais s'imbriquent avec cohérence dans un dispositif visant à montrer les ambitions, les errements et les limites du pouvoir. Le cinéaste se dote aussi d'un casting impeccable, à commencer par Michel Blanc, étonnant en chef de cabinet ministériel à la fois fidèle et opportuniste. En conseillère en communication ambigüe, Zabou Breitman retrouve la sobriété qu'elle manisfestait dans Rien de personnel. Et Laurent Stocker, Didier Bezace ou Jacques Boudet incarnent des seconds rôles inquiétants d'autorité ou de veulerie. Une bonne surprise. Gérard Crespo |
1h55 - France - Scénario : Pierre SCHOELLER - Interprétation : Olivier GOURMET, Michel BLANC, Zabou BREITMAN, Laurent STOCKER, Didier BEZACE, Jacques BOUDET. |