Code Blue
de Urszula Antoniak
Quinzaine des réalisateurs
palme






« Que faites-vous avec vos péchés ? »

Code bleu situe sa thérapie bien au-delà de celle dont les vieux clients de Lucy bénéficiaient dans Sleeping beauty. On entre ici dans l’univers glacial et mortifère de l’extrême fin de vie et des soins ultimes que Marian prodigue avec toute l’attention possible à ses patients.

Derniers souffles, derniers gestes, alors que leur corps les a lâchés et a rendu les armes, Marian et ses gants bleus accomplissent inlassablement le même rituel… avant que de les avoir « accompagnés » avec une indéfectible tendresse vers la délivrance.

Par leur acuité, leur précision chirurgicale, leur radicalité, par le sujet également auquel elles se réfèrent, ces premières scènes dégagent une réelle fascination qui va assez rapidement obliquer pour se recentrer sur l’insolite personnage de Marian.

Sainte Marian a-t-on envie de dire, qui se sacrifie tout entière et même au-delà à sa mission, qui collectionne comme autant de reliques un effet personnel de chacun de ses chers disparus, qui finalement ne vit que pour leur mort.


Mais dont le champ de vision va s’entrebâiller, entre deux pans de rideaux, sur un voisin, s’arrêter sur lui et ne plus le quitter.

Le fait qu’ils aient été les témoins simultanés d’une même scène de viol et de crime va persuader Marian qu’elle est désormais irrémédiablement unie à Konrad, disons-le tout de suite, pour le pire. Son approche de ce vivant qu’elle déifie et de qui elle accepte tous les châtiments et humiliations, va révéler un personnage profondément enfoui en elle, mais également profondément dérangé et dérangeant, assumant ses mensonges, recueillant sans sourciller la bénédiction que – faute de Dieu – sa sémillante et vieille voisine lui administre avec générosité, afin d’exorciser la tristesse de la jeune femme.

Urszula Antoniak filme sans concession et sans retenue les impénétrables voies mêlées de la croyance et des fantasmes jusqu’à aboutir à une impressionnante et dernière image, sataniquement christique, hantée par la musique inquiétante et fusionnelle d’Ethan Rose.

Marie-Jo Astic


1h21 - Pays-Bas, Danemark - Scénario : Urszula ANTONIAK - Interprétation : Bien de MOOR, Lars EIDINGER, Annemarie PRINS.

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