Un garçon fragile - Le projet Frankenstein |
« Les monstres ne sont jamais réellement des monstres » Il y a longtemps, un jeune homme a engendré un enfant sans jamais savoir ce qu'il est devenu. A dix-sept ans, son fils, Rudi, revient en espérant retrouver sa famille après une enfance passée dans une institution. Il espère trouver chez sa mère reconnaissance et affection, et surtout connaître l'identité de son père, mais il constate qu'il n'est pas le bienvenu. Presque par hasard, Rudi se retrouve dans un casting. Le réalisateur du film est fasciné par son innocence et pense avoir trouvé son acteur principal. Mais un évènement terrible met bientôt fin aux bonnes intentions de Rudi. Il devient un tueur poursuivi, et le réalisateur se rend compte que ce garçon étrange et silencieux est son fils, un monstre qu'il a lui-même créé. Son seul choix est maintenant d'accompagner le destin brutal de son fils dans une recherche commune de la rédemption. Très librement inspiré du mythe de Frankenstein, ce récit austère semblera plus linéaire que Delta, présenté en compétition officielle en 2008. La coscénariste Yvette Biro et le réalisateur ont souhaité imaginé le monstre comme un fils rejeté, qui agit le cœur pur, selon les règles de son propre univers, qu'il tue ou qu'il embrasse quelqu'un. Rudi est un adolescent qui n'a aucune idée du bien et du mal, et finit par commettre des actes terribles selon son propre sens de la justice. |
Dans une certaine mesure, précise le cinéaste, « nous sommes tous des enfants rejetés et des parents meurtriers ». Cette vision glaciale et pessimiste est mise en valeur par une photographie naturaliste, un simple éclairage de lumière blanche étant utilisé à des fins réalistes. Et comme on pouvait s'y attendre, le cinéaste filme les meurtres de façon sèche, en évitant tout spectaculaire : loin de l'excès gore, cette simplicité stylistique n'échappe pas à une certaine naïveté et à un maniérisme poseur, tant la distanciation peut paraître dépassée et plus outrancière que la surenchère de la violence elle-même... Mais on appréciera l'usage judicieux d'un immeuble désert et froid dans la première partie et une certaine théâtralité qui n'est pas sans évoquer les débuts d'un Patrice Chéreau (La Chair de l'orchidée). Bel objet formel confirmant le goût de Mundruczo pour les atmosphères morbides et crépusculaires, Un garçon fragile, à défaut de convaincre totalement, a le mérite d'imposer un style.
Gérard Crespo |
1h40 - Hongrie - Scénario : Kornel MUNDRUCZO, Yvette BIRO - Interprétation : Rudolf FRECSKA, Kornel MONDRUCZO, Kitty CSIKOS. |