Abel |
Au nom du père Encore un film sur l'enfance nue ? De Truffaut à Mendoza en passant par Comencini, Saura et Kiarostami, on ne compte plus les œuvres plus ou moins réussies ayant pris pour axe l'enfance meurtrie. En dépit de ses quelques défauts (misérabilisme ambiant, psychologie sommaire...), Abel est un joli conte autour d'un gamin traumatisé par l'absence de son père, et qui après un séjour en hôpital psychiatrique s'enferme dans un silence autiste avant de se prendre pour la figure paternelle. Comédien ayant incarné Hamlet à la scène, Diego Luna donne des accents shakespeariens à cette tragi-comédie (ou comédie dramatique ?), qui évite à la fois les écueils de la mièvrerie et ceux du sordide : le procédé narratif par lequel est abordé le complexe d'Œdipe est à ce titre un modèle de délicatesse.
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L'étrangeté du comportement d'Abel est à la fois éloignée de la sympathie faussement rassurante d'Anthony Perkins dans Psychose et du dédoublement de personnalité progressif de Sissy Spacek dans Trois femmes : sa folie est manifeste, et, cocasses ou effrayants, ses gestes et propos d'enfant adulte constituent les moments forts du récit : sa méfiance envers le petit ami de sa sœur, sa jalousie envers le « cousin » Anselmo, ou sa volonté d'honorer sa mère avec qui il partage le lit conjugal... Sans doute le dernier quart d'heure gâche-t-il quelque peu l'harmonie générale par des métaphores un brin convenues sur la fuite en avant de l'enfant (la séquence de la piscine dans laquelle les deux frères perdent pied...). Mais cette première réalisation est telle quelle prometteuse. Gérard Crespo
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1h20 - Mexique - Scénario : Diego LUNA, Augusto MENDOZA - Interprétation : José Maria YAZPIK. Christopher RUIZ-ESPERANZA, Gerardo RUIZ-ESPERANZA. |