Une vie toute neuve |
Ounie Lecomte n’a pas de chance. Son film produit par Lee Chang-Dong, ne pouvait être en compétition puisque le cinéaste sud-coréen était dans le jury cette année. Programmé en séance spéciale l’après midi, sans beaucoup de publicité, il ne fit pas salle comble. Dommage car ce premier film aux accents autobiographiques (Ounie est née à Séoul en 1966 et fut adopté par un couple français à l’âge de 9 ans) témoigne d’une grande sensibilité et dégage une douce et troublante émotion. Abandonnée par son père, Jinhee espère toujours quitter l'orphelinat catholique dans lequel il l'a placée. Mais les mois passent et du haut de ses neuf ans, la petite fille n'a plus bientôt plus d’autre alternative : se faire adopter. |
Entre la première image (Jinhee heureuse à l’avant du vélo de son père) à la dernière (le vélo peu à peu disparaît dans le noir) la réalisatrice s’attache à cette petite fille qui refuse l’inéluctable. Déboussolée dans cet orphelinat bien tenu par des religieuses attentives aux traumatismes de ces enfants abandonnés et qui s’attachent à ne pas les brusquer, elle s’enferme dans un mutisme têtu et agressif et n’en sort que pour libérer sa colère désespérée. La vie quotidienne est ponctuée par les régulières cérémonies de départ à chaque adoption. Avant de partir pour sa nouvelle vie, l’enfant se tient debout face à ses camarades qui chantent "Ce n’est qu’un au revoir…" Déchirant. Jinhee subit l’écoulement des jours mais l’intensité de sa solitude la rattache peu à peu aux autres orphelins. Une vie toute neuve est un de ces films rares, d’une humanité sans faille, d’une humilité indicible, qui marque à jamais les spectateurs. Gérard Camy
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1h32 - France / Corée du Sud - Scénario : Ounie LECOMTE - Interprétation : Kim SAERON, Park DO YEON, Park MYUNGSHIN. |