Ne ne te retourne pas |
Acouphènes & transmutation Présenté comme un coup médiatique autour du glamour de deux stars, moqué en séance de presse, la réalisatrice de l’épatant et mutilant Dans ma peau, qui avait également divisé la critique, semble avoir majoritairement déçu. Sans aucune prétention à se prendre pour Buñuel ou Cronenberg, Marina de Van ne fait que continuer son travail perturbant sur le double identitaire qu’elle pousse ici à son paroxysme, servi par un scénario et une mise en scène plus qu’honorables, ainsi qu’une interprétation impeccable, et assume totalement le manque de crédibilité que d’aucuns lui reprochent mais qui n’est définitivement pas son propos. Jeanne écrit le roman autobiographique d’une vie amputée de huit années de souvenirs. Mise sur la piste d’un passé que sa mère s’acharne à étouffer, elle s’installe dans la quête de ce personnage qui lui échappe et dont elle est de plus en plus persuadée qu’il n’est peut-être pas le sien propre. Son obsession d’être une autre, elle en note, puis en porte les stigmates, à travers des manifestations d’altération – évidemment visibles par elle seule – de ses sens, puis de son physique, puis du physique de ses proches.
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Ces phénomènes l’affolent dans un premier temps, puis l’horrifient : il est vrai que la scène où Sophie Marceau est épouvantée de se transformer en Monica Bellucci, comme s’il s’agissait du pire loup-garou, avait de grandes chances de prêter à rire. Ce qui advint. Cette mutation, donc, Jeanne n’a d’autre choix désormais de l’accepter en la cachant, sentant que la clé de l’histoire et son salut en dépendent. Ne te retourne pas, nouvel hommage rendu à l’écriture décidément grande vedette de ce Festival, est une aventure de cinéma à tenter, pour voir. Marie-Jo Astic
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1h50 - France - Scénario : Marina de VAN, Jacques AKCHOTI - Interprétation : Monica BELLUCCI, Sophie MARCEAU, Brigitte CATILLON, Thierry NEUVIC, Didier FLAMAND. |