Jusqu'en enfer |
Bouh ! Christine travaille dans une société proposant des crédits immobiliers. Comme elle est trop gentille et ne sait pas dire non, son patron lui ordonne un jour de refuser le dossier d'une vieille dame. Cette dernière, furieuse, jette une malédiction sur Christine. La vie de la jeune femme devient alors un véritable enfer, et elle doit lutter pour sauver son âme. Tout le monde connaît le cultissime Evil Dead. Et après une série de films honnêtes mais mineurs (Mort ou Vif et Un plan simple), Sam Raimi s'est attelé à la saga Spider-Man, grande réussite et carton aux box-offices mondiaux. Dans la lignée de ses amours d'antan, le cinéaste revient plus sobrement (quoique!) vers le petit train fantôme outrancier, la série B qui picote avec tout ce qu'il faut de liquides verdâtres et de pustules saignantes. Et Jusqu'en enfer prouve brillamment que Sam Raimi n'a rien perdu de son art, celui d'un cinéma fauché et à la dramaturgie zéro (mais qui, grâce aux efforts artistiques actuels et au budget conséquent, prend une allure bien plus convaincante), un tour de manège terrifiant et vicelard.
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Gitans, voyants, sorcellerie, damnation, capitalisme... toutes les malédictions sont présentes dans le scénario ! Tour de force, celui-ci n'ennuie à aucun moment alors qu'il accumule avec une volonté de fer les poncifs les plus éculés et les rebondissements qui tâchent. C'est évidemment la maîtrise totale du second degré qui fait fonctionner le film, et un abus de possibilités qui tend vers l'infini. Enchaînement mythique de violence (la scène du parking n'en finit pas de furie et de drôlerie!), sous-texte anti-capitaliste léger et non-négligeable, foutoir contrôlé jusqu'à l'apparition du grand-guignol (un bouc qui parle, tout de même!)... Il y a un peu de tout dans Jusqu'en enfer, trip enfantin attachant et adorable dans sa variation des plaisirs les plus honteux (sang, bave, sorcières, cimetières), mais pas tant de n'importe quoi que ça. Sam Raimi dompte chaque séquence par son utilisation intelligente de la mise en scène, et la musique vient prouver à quel point il y a du savoir-faire dans tout ce joyeux bazar. La peur pure le remporte sur l'ésotérique de pacotille, mis un instant en réserve pour mieux en rigoler après, jusqu'à une fin des plus jouissives. Un sacré retour. Jean-Baptiste Doulcet |
1h39 - Espagne - Scénario : Sam RAIMI, Ivan RAIMI - Interprétation : Alison LOHMAN, Justin LONG, Jessica LUCAS, Lorna RAVER, David PAYMER. |