Bad Day to Go Fishing
Mal día para pescar
de Álvaro Brechner
Semaine internationale de la critique





"La personnalité est un mystère, rien à voir avec les muscles". Mal día para pescar est une lutte physique et psychologique d'un champion du monde aux allures de taureau, et au cœur d'enfant. Managé par un "Prince" escroqueur, il fait le tour des villes d'Amérique du sud pour perpétuer la légende de l'homme surhumain. Dans un décor de western, il se bat comme une bête déchaînée contre des adversaires déconcertés.

Le Prince Orsini, "champion des affaires", dompte son lutteur et l'enferme dans sa renommée comme un oiseau dans une cage. Le sentant vieillissant, il perd peu à peu confiance dans la réussite de sa machine commerciale. À l'image, le Prince est entouré de rouge, la couleur du toréador, celui qui tente de ne pas se faire encorner par plus fort que lui. Le mensonge, les tours de magie et le poker sont les symboles d'un personnage manipulateur. Mais il suffira d'un coup de pattes pour que le lutteur prenne le dessus. Cette force surhumaine n'empêche pas le Champion d'avoir ses propres faiblesses : la mélodie enfantine de Lily Marlene sortant d'une boite à musique, actionnée par le Prince, est essentielle à son équilibre ; une baignade improvisée dans une fontaine le rend euphorique…

Ce film est profondément marqué par le genre du western mais aussi par les couleurs des villes latinos. Les couleurs vives sont associées pour créer une dynamique et pour symboliser la force indomptable du lutteur. Les plans rapprochés de trois quart sur les personnages nous rappellent les bons vieux films de cow-boy, et le jeu de regards des combattants sur le ring nous évoque les duels au pistolet. Accompagné de la musique entrainante d'un piano de bar, ou d'un harmonica, le Prince se déplace sur son fidèle destrier, une vieille Ford rouge. Les deux personnages, très caractérisés, sont représentés comme deux mythes perdurant dans le temps, à travers les routes.

Mal día para pescar ("Mauvais jour pour aller à la pêche") nous fait découvrir dans un univers de road movie coloré une histoire originale, touchante, traitant avec subtilité des faiblesses humaines.

Laura Desèbe et Laure Weiss, Lycée Louis Armand de Chambéry

« Catch me si tu peux ! ». Plongez dans l’univers de la lutte avec Mal día para pescar, premier long métrage d’Alvaro Brechner. Un soir, un match, un accident. Un « prince » bluffeur du nom d’Orsini et un ex-champion catcheur, Jacob van Oppen, parcourent les petits villages d’Amérique du Sud et s’arrêtent à Santa María pour organiser un challenge.

Ce film tiré d’une nouvelle de l’écrivain Juan Carlos Onetti peut être perçu comme une analogie avec The Wrestler de Daren Aronofsky : les tentatives de come back d’un ancien sportif malgré des problèmes de santé. Néanmoins, ici, point de polarisation autour du catch, mais un grand tournoi de poker psychologique où l’intimidation physique est moins forte que les pressions morales. Un super jeu des acteurs qui nous pousse moins à rechercher les différents messages du film qu’à nous laisser emporter dans cet univers revisité. Le manager semble avoir avec son protégé une relation touchante, presque maternelle : il cherche à le défendre par tous les moyens contre l’ humiliation d’une défaite tout en le contrôlant.

Se joue sous nos yeux une partie de poker entre plusieurs personnages qui tentent à différents niveaux de retrouver leur dignité – cartes en main – avec un seul procédé : Le bluff .

Miserez-vous votre argent pour aller voir ce film ? Faites vos jeux !

Jean-Robert Nemi et Elodie Saby, Lycée Marcelin Bertelot de Pantin


C’est une histoire de duos, mais aussi de duels. Duel entre un prince baratineur et une belle obstinée, entre une Europe lointaine et une Amérique du Sud mouvementée. C’est sur ce dernier continent chaleureux qu’Alvaro Brechner, dépeint une atmosphère sombre et mélancolique, tâchée de couleurs vives et lumineuses. Cette esthétique nous interpelle et nous fascine. C’est sans efforts que l’on se laisse porter par les aventures de Jacob Van Oppen, champion du monde de catch, et de son agent, le « prince » Orsini. L’un a le cerveau, l’autre les bras. Mais qui a vraiment le contrôle de la situation ?

Sillonnant les villes latines à la recherche de nouveaux adversaires, ils trouvent en l’art du combat le moyen de survivre, mais aussi peut-être de se prouver qu’ils sont toujours vivants. Même si les deux personnages au tempérament si différent semblent bien incarner les rôles du méchant arnaqueur et de la bête de foire, ils nous attendrissent par leur profonde humanité. Pour Jacob, gagner n’est pas une nécessité, mais plutôt une reconnaissance. Ce personnage aux allures d’Elephant Man incarne la brute au cœur tendre du film. Ne serait-il pas alors le plus sincère et le plus intègre ? Nostalgique de ses origines, il nous fait partager ses souvenirs d’une Europe aimée. Ce sentiment, proche de la « Sehnsucht » (forte nostalgie) allemande, apparaît en toile de fond tout au long du film. Si le déroulement de l’action se situe à Santa Maria, le manque d’indices ne nous permet pas de replacer clairement le film dans son contexte temporel. Mais, après tout, c’est sans importance. Du mélange des personnages européens, de l’ambiance latino-américaine et des nombreuses références au western résulte un univers chimérique et insolite où le combat de catch devient western spaghetti. C’est enivrant!

La dernière partie de l'œuvre où les enjeux se révèlent enfin prend un rythme accéléré. L’ultime duel est redouté. Attendu et préparé depuis le début du film, il ne dure pourtant qu’un bref instant. Son attente a été nourrie par de multiples images d’horloges. Les aiguilles tournent et montrent le temps qui passe, qui fuit, qui annonce la vieillesse et le combat final : elles nous forcent au questionnement. Cela va-t-il toujours durer ? Que faire après ? Partir, continuer ou se séparer ?

Alix Weidner et Olga Benne, lycée Paul Valéry à Sète


La raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous allons le montrer tout à l’heure.

Mais que faire quand la raison du plus fort est occultée par la quête du sens de la vie ? C’est ce qu’essaye de trouver l’un des protagonistes du premier long métrage du réalisateur uruguayen Alvaro Brechner.

Désirant prestige et argent, le dénommé « Prince » Orsini exploite machiavéliquement les capacités physiques exceptionnelles de son acolyte Jacob van Oppen. Ce dernier n’aspire pourtant qu’à s’extirper du statut de lutteur professionnel titanesque qui régit sa vie. Larmes de désespoir, larmes de mélancolie, larmes d’incertitude. L’émotion le submerge à tout moment, aussi bien face à une fresque religieuse que devant un film à l’eau de rose ou une douce mélodie.

Emotion qui atteint également le spectateur, touché profondément par la disparité frappante entre contenant et contenu : une enveloppe de muscles tient prisonnière une âme à la sensibilité exacerbée, exaltée par une musique exprimant la solitude et le (dés)espoir.

L’atmosphère de western hollywoodien qui règne dans ce film ravira non seulement les passionnées de vieilles voitures américaines, mais aussi les adeptes de paysages sublimés par la lumière.

Elise Laville, Lycée Bartholdi de Colmar


1h40 - Uruguay - Scénario : Álvaro BRECHNER, Gary PIQUER - Interprétation : Gary PIQUER, Jouko AHOLA, Antonella COSTA, César TRONCOSO, Bruno ALDECOSEA

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